La Brasserie du Jorat trinque à une nouvelle direction

La Brasserie du Jorat, bien connue des amateurs de houblon, change de main. • Alexandre Clerc et Henri Jung sont les deux nouveaux gérants de l’entreprise. • Les deux entrepreneurs comptent bien développer la marque, créée en 2006 par Raoul Gendroz. Preuve en est l’apparition d’un nouveau site de production, à Ropraz, dont les travaux vont débuter en août.


De g. à dr.: Alexandre Clerc et Henri Jung qui reprennent le flambeau de Raoul Gendroz et Melody Bacher

«Les visages changent, mais la passion reste la même. Laquelle? Celle de la bière artisanale, confectionnée depuis maintenant douze ans à la Brasserie du Jorat, à Vulliens. Fondé en 2006 par Raoul Gendroz (lire encadré), le commerce est désormais géré par deux entrepreneurs motivés. Alexandre Clerc et Henri Jung, forts d’une longue expérience dans le marché brassicole, lui succèdent.

La passation de pouvoir, qui sera effective après l’assemblée générale du 26 avril prochain, ne vise pas de changements abrupts au sein de l’entreprise. Les deux nouveaux gérants, qui remplaceront Melody Bacher et Raoul Gendroz au sein du conseil d’administration, veulent construire sur les bases existantes. Une période de transition – durant laquelle ils vont poursuivre leur collaboration – est d’ailleurs prévue jusqu’à fin juillet.

Un développement conséquent sera ensuite à l’ordre du jour, puisque les associés vont poursuivre le projet de nouvelle brasserie, lancé par Raoul Gendroz, à Ropraz. «Il s’agira d’un nouveau site plus conséquent, mais surtout plus pratique, expliquent- ils. Nous allons tout y regrouper afin d’augmenter la productivité.» La nouvelle halle, prévue pour avril 2019, leur permettra également d’améliorer l’accueil des clients.

Un circuit de visite est en effet prévu, ainsi qu’un bar permettant aux curieux de goûter les nuances de malt. «Il s’agira d’un réel outil promotionnel», fait valoir Henri Jung. A quoi Alexandre Clerc ajoute: «Nous pourrons y organiser des événements, tout comme des séminaires, pour recevoir la clientèle de façon conviviale.» Ils indiquent en outre la possibilité d’y exposer des photographies présentant l’évolution de la brasserie.

Un duo amoureux de la bonne mousse

Les deux compères se sont rencontrés en 1999, alors qu’ils travaillaient pour une grande société de bière. Pendant sept ans, ils ont partagé leur passion et appris à se connaître, se découvrant une complémentarité certaine. «Nous partageons la même vision des choses», déclarent- ils à l’unisson.

Domicilié à St-Légier, Alexandre Clerc cumule quatorze années d’expérience dans le domaine brassicole. Titulaire d’une maîtrise fédérale d’employé de banque, l’ancien directeur financier de 46 ans a officié pendant quatre ans pour une enseigne très connue. «Je suis ensuite devenu consultant indépendant », retrace l’heureux père de deux enfants. Grand fan de foot, il est également directeur technique du club de son village et fait partie du comité du team Riviera, qui s’occupe de l’élite vaudoise du ballon rond.

A ses côtés Henri Jung, 55 ans, d’origine alsacienne, installé à Corcelles-le- Jorat avec son épouse et ses trois garçons. L’homme au sourire communicatif a derrière lui un long parcours dans le marketing et le management. « J’ai commencé comme vendeur et en gravissant les échelons petit à petit, je me suis retrouvé directeur général d’un grand groupe», confie-t-il. Il s’est ensuite attelé à la distribution de produits frais durant six ans pour une autre enseigne.

 

 

Ne pas partir du zéro

L’idée de s’associer et de se lancer dans la distribution de boissons a germé chez eux il y a bien quelques années. Mais le déclic s’est fait récemment, lorsque l’opportunité de reprendre une structure existante a vu le jour. En juin dernier, Henri Jung, client de la brasserie, fait plus ample connaissance de Raoul Gendroz, qui habite à deux cents mètres de chez lui. Il lui présente son associé. Le reste se fait naturellement.

Le directeur de la Brasserie du Jorat, qui voulait donner une nouvelle orientation à sa carrière, trouve dans ce tandem les profils parfaits pour assurer la continuité de son entreprise. Dès lors, la passation se fait progressivement, pour éclore ce printemps.

Un potentiel évident

Ce qui plaît d’emblée à Henri Jung et Alexandre Clerc, c’est le rapport entre la notoriété du produit et la possibilité d’en accroître le volume de production. «Nous avons l’habitude de développer des éventails variés de bières et de gérer des produits de qualité», déclarent-ils. Les deux professionnels sont séduits par la bonne base des infrastructures de Vulliens.

«Raoul Gendroz a bien su gérer son commerce, confie Alexandre Clerc. C’est un homme précis et passionné avec qui nous nous sommes tout de suite bien entendus.» Ils comptent poursuivre sur sa lancée, sans révolutionner toutefois les bières régionales. Les quatre bières permanentes (blonde, blanche, ambrée et noire) seront ainsi gardées, tout comme les quatre bières de saison.

Ils n’excluent toutefois pas de diversifier la gamme. «Nous sommes avant tout flexibles et avons à coeur de rester à l’écoute du marché. Nous ne cherchons pas l’effet de mode», insistent-ils. Au sujet de leur prédécesseur, ils sont élogieux. «Raoul est très sympa. Il est aussi content que son bébé puisse se développer et continuer de grandir», déclare Henri Jung avec une pointe d’humour.

Les deux collègues se réjouissent enfin de devenir leurs propres ambassadeurs. Ils feront tout leur possible pour conserver la clientèle acquise par Raoul Gendroz et la développer, en mettant un point d’honneur à maintenir la qualité de leurs produits et la satisfaction du consommateur. Ils garderont également la même équipe de collaborateurs, composée de Lucille Meyer, Carole Saint- Loup et Bruno Dias.

Christian Marmy

« La vente n’a jamais été ma tasse de thé »

La Brasserie du Jorat a été fondée en 2006 par Raoul Gendroz. A 39 ans, le titulaire d’une formation en informatique de gestion se tourne vers de nouveaux défis, sans pour autant avoir perdu son goût pour la bière. Il veut désormais consacrer plus de temps à sa famille. Il se réjouit notamment des vacances en août, lors desquelles il pourra faire du sport avec ses deux enfants. Il entamera ensuite une formation au Centre patronal, à Paudex, en vue d’obtenir un brevet fédéral, spécialisé en finances et comptabilité. «J’aimerais d’une part valider mes acquis et de l’autre peaufiner mes connaissances, pour pouvoir redémarrer une activité indépendante.» Son objectif est de devenir consultant pour des PME régionales. Questionné sur l’origine de sa passion et ses motivations pour fonder la brasserie, Raoul Gendroz répond: «J’ai toujours aimé faire la cuisine. A la base, c’est le processus de transformation des céréales qui m’intéressait.» Initié par un ami, qui lui présente un kit de fabrication de bière artisanale, il se lance il y a douze ans avec deux associés: Guy Jeanmonod et Florian Sutter. «Au début, nous voulions simplement fabriquer un bon produit. Les gens le goûtaient et l’appréciaient, c’était chouette.» Ne disposant au commencement que de peu de connaissances dans ce domaine, il se souvient être parti au Québec dans un laboratoire de microbrasseurs pour suivre un cours. «Cela m’a permis d’améliorer mon matériel, ainsi que le processus de fabrication et la qualité du produit fini.» Depuis, le secteur a connu une forte évolution, l’une des raisons qui l’a motivé à changer d’activité. «La vente n’a jamais été ma tasse de thé, confie le fondateur en rigolant. Avec l’engouement important qui est apparu, la seule passion ne suffit plus.» Une diversification des producteurs de bière artisanale, qui rend aujourd’hui ce domaine beaucoup plus concurrentiel. L’homme domicilié à Corcelles-le-Jorat est convaincu qu’Alexandre Clerc et Henri Jung, très connaisseurs du marché, sauront réactiver un réseau (lire ci-dessus). «Ils ont à leur disposition un outil de travail qui fonctionne bien, ce qui est très positif.»

Article tiré du journal « Le Messager » – 13.04.2018