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MOBILITÉ: T1, LE CHANTIER DU SIÈCLE BIENTÔT SUR LES RAILS

La victoire des TL en mai dernier devant le Tribunal fédéral a été saluée comme une étape qui dégage enfin la voie à T1, le futur tramway de l’Ouest lausannois. C’est le cas, ou presque, puisque, par trois juges contre deux, la Haute Cour a renvoyé la balle devant le Tribunal fédéral administratif, l’enjoignant à revoir sa copie dans le sens de ses considérants.


La victoire des TL en mai dernier devant le Tribunal fédéral a été saluée comme une étape qui dégage enfin la voie à T1, le futur tramway de l’Ouest lausannois. C’est le cas, ou presque, puisque, par trois juges contre deux, la Haute Cour a renvoyé la balle devant le Tribunal fédéral administratif, l’enjoignant à revoir sa copie dans le sens de ses considérants. Les travaux pourront véritablement démarrer lorsque cette instance siégeant à Saint- Gall aura rendu un nouveau jugement… à condition que celui-ci ne fasse pas l’objet d’un nouveau recours à Mon-Repos. Sans nouvelle anicroche judiciaire voire politique, c’est un véritable chantier du siècle en matière d’infrastructures de transport qui s’ouvrira alors entre Lausanne et Renens.

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Le futur tram T1 tel qu’il devrait se présenter. À gauche à la hauteur du viaduc du Galicien, à droite son terminus place de l’Europe

À l’aune du financement fédéral, cantonal et communal d’ores et déjà acquis, c’est un véritable chantier du siècle qui va bientôt s’ouvrir entre Lausanne et Renens. Cette réhabilitation du tram dans la capitale vaudoise depuis son immolation en 1964 sur l’autel de la modernité d’alors, engendrera pour plusieurs centaines de millions de francs de travaux, dont une partie non négligeable seront confiés à des entreprises de la région, reviendront à l’économie lausannoise.

En 2016, le Grand Conseil a accordé aux TL un prêt conditionnellement remboursable de 286 835 000 francs pour la réalisation du secteur de l’infrastructure : aménagement de la voirie, plateforme du tram, stations, alimentation électrique, etc. Le Parlement a aussi alloué un second prêt, sans intérêts, de 15 970 000 francs, préfinançant ainsi à hauteur de 20 % la contribution fédérale au secteur infrastructures. Il a consenti d’autre part à une garantie d’emprunt de 110 800 000 francs pour financer la réalisation du secteur transport du projet, soit le garage-atelier et le matériel roulant. Enfin, la même année, le Conseil communal a voté un crédit d’investissement de 20 millions de francs pour les travaux qui seront à sa charge.

La ligne du T1 aura une longueur de 4,6 kilomètres. Construite en site propre, elle sera jalonnée de dix arrêts, un tous les 500 mètres environ, une distance relativement longue, mais nécessaire pour atteindre une vitesse commerciale de 20 km/h. À la cadence initiale de 6 minutes, puis de 5 minutes, le trajet du Flon à Renens prendra 14 minutes.

Le choix du constructeur du matériel roulant, alimenté en courant continu de 750 volts, n’a pas encore encore été formellement décidé. Il a cependant été dit que la voie aura un écartement CFF, c’est-à-dire de 1435 mm. Qu’il est prévu d’acquérir au moins dix rames à plancher surbaissé, d’une longueur de l’ordre de 40 mètres et d’une largeur de caisse de 2,65 mètres.

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UN TRAM NOMMÉ DÉSIR

« Le tram Renens–Lausanne n’ouvrira pas avant 2017 », pronostiquait « 24 heures » en décembre 2010. Le quotidien se moquait gentiment de ceux qui avaient fièrement annoncé un couper de ruban pour 2015. On était loin du compte pour ce projet dont les plans avaient été approuvés en mai 2012 par l’Office fédéral des transports (OFT). Si tout va bien, ce n’est pas avant 2025, après quatre ans de travaux au moins, que les premiers voyageurs pourront emprunter cette nouveauté sur rail qui reliera la place de l’Europe à la Gare de Renens. Tel est l’horizon temporel aujourd’hui envisagé au lendemain de l’acceptation par le Tribunal fédéral du recours des TL contre un jugement du Tribunal fédéral administratif contestant l’approbation des plans. Un rejet aurait renvoyé à la case départ une partie des plans établis, avec le cortège procédural qui en aurait résulté.

Pour autant, la partie juridico-politique n’est pas encore terminée. Le Tribunal administratif doit maintenant revoir sa copie, de nouveaux recours de part et d’autre devant le Tribunal fédéral ne sont théoriquement pas exclus. On en aura le coeur net d’ici douze à dix-huit mois. Une chose est sûre : le T1, tel est son nom, se fera. De même sera construite la liaison routière Vigie-Gonin censée permettre au trafic routier de respirer une fois la rue de Genève fermée à la circulation entre la place de l’Europe et le carrefour de Chauderon à la hauteur de l’accès au parking du Flon.

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UNE ROUTE SINON RIEN

Le conflit juridique tranché en mai par le Tribunal fédéral portait essentiellement sur la validation des plans incluant la construction de la liaison routière invoquée plus haut. Cette rampe d’une longueur approximative de 130 mètres aura une pente de 9,7 %. Elle sera large de 13,50 mètres, offrant à la montée une voie de 3 mètres ainsi qu’une piste cyclable, et à la descente une voie de 3,50 mètres comprenant la piste cyclable. Elle sera flanquée de deux trottoirs de 2,25 mètres. Un giratoire sera aménagé sur l’avenue Jules-Gonin pour y accéder.

À la différence du Tribunal administratif fédéral, le Tribunal fédéral a jugé que cette route fait bel et bien partie du projet de tram, et qu’implicitement sa réalisation vaut le sacrifice d’une grande partie du cordon boisé que les opposants appellent « la forêt du Flon ». Un rejet de l’intégration de cette route au projet d’ensemble du T1, peu probable mais théoriquement encore possible, impliquerait une mise à l’enquête distincte. Ce qui engendrerait un à deux ans de retard supplémentaire pour la réalisation du tram dans la mesure où la fermeture au trafic de la rue de Genève ne pourrait intervenir sans cette voie de délestage sous peine d’encombrements routiers monstrueux au centre-ville. De fait, c’est de la réalisation de cette rampe que dépend aussi la fermeture du trafic du Grand-Pont pour y faire circuler la future ligne de bus à haut niveau de service (BHNS) entre Saint-François et l’Ouest lausannois. Cela complétera sur cet axe un bouquet de transports publics que d’aucuns considèrent comme redondant, puisque comprenant en quasi parallèle le M1, le T1 et les futurs BHNS. Ce qui est certain, c’est qu’introduire le tram et le nouveau système de bus avant ou, pire, sans cette rampe aurait été « la stratégie du chaos », selon l’expression de la Conseillère d’État Nuria Gorrite.