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Le vélo électrique chamboule la mobilité individuelle

Une étude de l’Unil, réalisée à la demande de la Municipalité de Lausanne, souligne non seulement l’accroissement du parc de vélos à assistance électrique, mais elle révèle aussi son effet sur les autres modes de déplacement en ville.


Une étude de l’Unil, réalisée à la demande de la Municipalité de Lausanne, souligne non seulement l’accroissement du parc de vélos à assistance électrique, mais elle révèle aussi son effet sur les autres modes de déplacement en ville. Un effet qui s’exprime davantage au détriment des transports en commun que de la voiture. Plus de 60 % des usagers interrogés ont en effet déclaré utiliser désormais moins les bus ou les métros, tandis que 35 % affirment avoir carrément renoncé à renouveler leur abonnement Mobilis.

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La Ville a mandaté l’Institut de géographie et de durabilité de l’Université de Lausanne pour une étude destinée à dresser le profil des utilisateurs de vélos à assistance électrique (VAE) de la capitale vaudoise. Financée par le Fonds pour l’efficacité énergétique (FEE) des Services industriels, cette enquête a considéré les réponses fournies en 2018 par 1500 des personnes figurant sur le fichier des bénéficiaires d’une subvention communale à l’achat d’un tel véhicule. Les résultats sont intéressants à plus d’un titre. Lausanne-ville-en-pente n’est pas vraiment taillée pour la bicyclette. La petite reine n’y représente que 1,6 % des déplacements, contre 6,9 % dans les autres grandes villes suisses. Tout porte à croire que cet écart se réduit lentement mais sûrement avec le déferlement des VAE. Rappelons que les vélos à assistance électrique sont de deux sortes : les VAE 25 dont la vitesse est limitée à 25 km/h et les VAE 45 dont la vitesse peut atteindre 45 km/h. Les premiers, assimilés à de simples bicyclettes, dominent largement. Ils constituent 85 % du parc à Lausanne. Les seconds sont des cyclomoteurs selon la loi (port du casque, immatriculation, assurance). Le prix d’achat moyen d’un VAE 25 est de 2800 francs, celui d’un VAE 45 de 4300 francs (une moyenne tirée vers le haut en raison du coût nettement plus élevé des VAE VTT).

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Qui sont les utilisateurs de VAE à Lausanne ? D’une manière générale, les auteurs de l’étude observent que l’assistance électrique « permet de toucher un public plus féminin, plus âgé et davantage composé de parents que le vélo mécanique ». De fait, la part des dames est en constante augmentation depuis 2015. Celles-ci représentaient 47 % de l’ensemble en 2018. Elles étaient majoritaires dans la catégorie des VAE 25 (58 %), alors les hommes dominaient largement dans celle des VAE 45 (73 %). L’importance et le rôle du VAE dans la pratique de la mobilité individuelle figuraient évidemment au centre de cette étude. Les réponses fournies confortent l’idée que cette pratique tend à bousculer la place des autres modes de déplacement. En ville, il sert principalement aux trajets de pendulaires (80 % des utilisateurs). C’est la principale raison qui a motivé un achat. Ils sont un quart à se déplacer toute l’année ainsi. Pratique, indépendant, agréable, écolo et permettant de faire un peu d’exercice en se déplaçant, le vélo à assistance électrique est considéré comme une alternative aux transports en commun, à la voiture et aux deux-roues motorisés (93 % des utilisateurs ont un permis de conduire). C’est avec les transports en commun que l’alternative, surtout du VAE 25, apparaît la plus marquée. Quelque 60 % des utilisateurs de VAE déclarent prendre moins les bus et les métros depuis qu’ils ont opté pour ce mode de déplacement – un quart l’utilisent toute l’année. Plus d’un tiers (35 %) ont dit avoir renoncé à renouveler un abonnement Mobilis. La crise sanitaire et la difficulté de distanciation sociale dans les transports en commun pourrait bien accroître encore cette proportion. À noter que les pratiquants du VAE ne représentent que 15 % des abonnements contre 32 % pour la population lausannoise en général. Par ailleurs, ils ne sont que 19 % à déclarer avoir renoncé à la voiture. Au-delà du soulagement qui peut en résulter pour les transports en commun urbains se dessine peut-être une évolution profonde dont les politiques devront tenir compte à moyen ou long terme.

Pour l’heure, seule ombre au tableau : l’adaptation perfectible et inéluctable du réseau routier urbain afin d’améliorer les conditions de circulation en sécurité de ce nouveau venu de la mobilité individuelle de plus en plus répandu.

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JUSQU’À 800 FRANCS DE SUBVENTION

À l’instar d’autres collectivités publiques, la Commune de Lausanne subventionne depuis plusieurs années l’acquisition par ses habitants d’un VAE neuf. Elle figure ici parmi les plus généreuses. Le montant de la subvention s’élève en effet à 15 % du prix d’achat, avec un plafond à 400 francs. Cette somme est par ailleurs doublée depuis 2019 pour les personnes de moins de 25 ans ou au bénéfice d’un subside à l’assurance-maladie. Enfin, une participation de 300 francs est allouée sur l’achat d’une nouvelle batterie pour autant que l’ancienne soit apportée au recyclage. De 2000 à 2017, ce sont ainsi 4000 subventions lausannoises qui ont été octroyées, dont plus de 2000 au cours des quatre dernières années. Depuis le lancement de la subvention en 2000, presque 6000 subventions ont été accordées (891 en 2019). L’enveloppe de 1,36 million de francs prévue pour la période 2016-2021 sera donc épuisée d’ici le deuxième semestre 2020. Les deux tiers des personnes qui ont bénéficié d’une subvention ont déclaré que cela avait joué le rôle d’un déclencheur ; 40 % ont dit que la subvention leur a servi à acheter un nouveau VAE plus performant ou des accessoires. Cette mesure devrait être prolongée jusqu’à fin 2023 moyennant une rallonge de 1,7 million de francs.