WELQOME, OU QUAND L’ÉTAT MISE SUR L’ÉCONOMIE COLLABORATIVE

Les vignerons ont été les plus actifs à tirer parti du soutien financier extraordinaire accordé par le Canton aux divers secteurs du tourisme vaudois mis à mal par la pandémie.


Les vignerons ont été les plus actifs à tirer parti du soutien financier extraordinaire accordé par le Canton aux divers secteurs du tourisme vaudois mis à mal par la pandémie. La vaste opération mise sur pied avec le site communautaire de commerce en ligne QoQa Services SA est considérée comme une grande réussite. Même si l’entier des 15 millions de francs mis à disposition par l’État n’a pas été utilisé totalement au bout des trois mois qu’a duré cette action. Et WelQome n’est pas la seule initiative du genre qui ait cartonné.

L’idée était simple et généreuse, le principe d’économie collaborative similaire à celui de l’opération DireQt mise sur pied en mars par QoQa à l’intention des commerçants en collaboration avec la Vaudoise et le Groupe Mutuel. Lorsque quelqu’un achetait une prestation sur la page des quelque 1400 partenaires de WelQome, il bénéficiait d’un rabais de 20 % du prix de vente unitaire mais au maximum 300 francs par offre, tandis que le vendeur recevait quant à lui une plus-value de 10 %. Le fonds de 15 millions de francs alloués à WelQome par le Canton devait ainsi permettre d’injecter 45 millions de francs dans les secteurs de l’hospitalité (hôtellerie, parahôtellerie), de la gastronomie, de la viticulture, des parcs animaliers, ou autres activités de loisirs, de la culture, des transports publics et des remontées mécaniques.Afin que cette mesure puisse profiter à un maximum d’acteurs économiques vaudois, l’aide étatique était plafonnée à 6000 francs par entreprise sur la durée d’une opération allant du 22 juin au 22 septembre 2020. Ces modalités n’ont certes pas permis d’épuiser le fonds dans le délai imparti, mais cette action unique en son genre n’en est pas moins considérée comme une pleine réussite.

 

« UN MÉGA SUCCÈS »

« Je pense que c’est un méga succès, se réjouit Pascal Meyer, patron de l’entreprise communautaire de vente en ligne installée à Bussigny. Aucun canton n’a réussi une telle prouesse consistant à injecter plusieurs dizaines de millions de francs dans l’économie en intégrant le consommateur. » Comme toute formule d’aide définie dans l’urgence, WelQome a eu un effet de bord auquel personne n’avait pensé. « Ce sont les vignerons qui ont été clairement les plus actifs, observe Pascal Meyer. Ils ont tout de suite compris l’enjeu et se sont passé le mot. Ils ont cartonné auprès des restaurateurs, lesquels ont saisi l’occasion d’acheter leur vin 20 % moins cher que d’habitude. » Une vente directe qui n’a pas vraiment réjoui les intermédiaires, mais qui a permis aux vignerons qui ont énormément souffert pendant la période où les restaurants ne vendaient rien d’obtenir quasi immédiatement du cash, en moins de sept jours, sans devoir s’acquitter des frais de 3 à 5 % prélevés par les prestataires de cartes, alors qu’en temps normal les factures se règlent à trente jours. « Les restaurateurs et les hôteliers aussi ont tiré leur épingle du jeu, constate Pascal Meyer. J’ai le sentiment que cette action a non seulement profité à ceux qui se sont bougés, mais aussi que cela nous a permis d’aider les nombreuses personnes qui n’avaient aucune notion du digital tant nos processus sont simples pour se placer sur la plateforme. » QoQa ne cache pas qu’avoir été choisi par le Canton pour gérer cette action est très bénéfique en termes d’image. Au plan financier, c’est autre chose, quand bien même les 15 millions de francs de l’État comprenaient un montant de 430 800 francs versés à l’entreprise pour financer le développement et l’adaptation de sa plateforme numérique existante et l’engagement temporaire des forces de travail nécessaires. Pascal Meyer : « Nous avons mis de notre poche dans ce projet, sans compter les projets que nous avons dû geler pour cette opération. De cette somme, 160 000 francs seulement étaient prévus pour le développement de la plateforme. Nous ne gagnons rien là-dessus. Il faut savoir que rien que pour le développement d’une plateforme, le Canton avait reçu une offre à plus de 1 million de francs. »