
LE PARCOURS DES COMBATTANTS POUR LA RÉNOVATION ÉNERGÉTIQUE: RÉNOVER N’ÉVITERA PAS DE DEVOIR CONSTRUIRE
Rénover l’existant ou construire du neuf ? Faux débat selon Hannes Ehrensperger, architecte associé du bureau lausannois CCHE, invité à présenter notamment la complexité des démarches administratives dans l’exercice de sa profession aux participant∙e∙s à un récent « Café&Croissants » d’ERL.
Bouygues Construction, l’un des principaux acteurs français du secteur, déclarait récemment que d’ici 2050, près de 95 % de son activité serait de la rénovation, contre à peine 10 % actuellement. Hannes Ehrensperger est perplexe lorsqu’on lui soumet cette vision du futur. « Dans une Suisse qu’on imagine atteindre les 10 millions d’âmes, on n’arriverait probablement pas à répondre à la demande de quelque 20 % d’habitants supplémentaires simplement en rénovant. À mon sens, il sera inévitable de construire en hauteur si l’on ne veut pas utiliser davantage de terrain agricole. »
C’est précisément ce qui est en train de se réaliser notamment à Malley avec la surélévation du centre commercial Malley Lumière par construction de la tour Malley Phare. Ce projet novateur développé par CCHE d’une tour de 60 mètres, première structure bois de Suisse romande, est recouvert de panneaux photovoltaïques. Mais aujourd’hui, la préoccupation principale est l’obtention du permis de construire. « De nos jours, quand on soumet un projet architectural, il y a tellement de dossiers annexes à produire que cela devient presque surréaliste, constate l’architecte. Non seulement cela occasionne des frais parfois démesurés, mais compromet la certitude d’une nouvelle constriction. Puis vient le problème des oppositions lors de la mise à l’enquête, oppositions pas tellement contre l’aspect technique, mais contre le changement de l’environnement, contre densification du secteur. » Et d’ajouter : « Je ne cherche pas à me plaindre, simplement à décrire la situation telle qu’elle est, telle que je vois son évolution après mes nombreuses années de pratique. » Tout cela revient donc très cher et contribue à expliquer le coût élevé de la construction en Suisse. « Je ne blâme pas les fonctionnaires, mais malheureusement c’est notre système qui est ainsi et qu’il faudrait parvenir à débloquer. »