EMPLACEMENTS STRATÉGIQUES À FORTE VALEUR AJOUTÉE

En jaune, les trois nouveaux immeubles, respectivement de 8, 12 et 15 étages. En bleu, les bâtiments qui subsisteront.

La métamorphose du secteur de la Rasude, lieu stratégique connecté à la gare CFF, se précise. Destiné à renforcer l’attractivité de Lausanne en favorisant l’implantation d’entreprises et la création d’emplois, ce vaste projet estimé aujourd’hui à 400 millions de francs a été développé par la Société de Valorisation (SV) Rasude en collaboration avec la Ville. La construction de trois nouveaux immeubles, de respectivement 8, 12 et 15 étages, ainsi que la réhabilitation de la voie de la Rasude reliant la place de la gare à l’avenue d’Ouchy, seront la signalétique d’un nouveau lieu de vie convivial alliant prioritairement espaces de bureau, mais aussi logements et activités commerciales. Ailleurs, à l’ouest de la gare, le bâtiment des Epinettes offrira bien davantage qu’un parking P+R. A Bussigny, c’est l’inauguration prochaine du complexe Cocoon qui renforcera encore l’attractivité de la région lausannoise. 

Flash-back. « A partir de 2022, et après des travaux qui devraient débuter à l’horizon 2020, ce quartier nommé A la Rasude, dédié de 1962 à 2009 aux activités du centre de tri postal qui a déménagé à Daillens, se couvrira par étapes de bureaux à louer. Ils représentent 70 % du projet. Le reste se composera de 150 logements locatifs, formant une part de 20 %, ainsi que de surfaces dédiées aux commerces, aux loisirs (wellness, fitness, santé) et à un hôtel dans les derniers 10 % », lisait-on dans 24 Heures en… été 2015. Le quotidien partageait alors l’optimisme des promoteurs, lesquels passaient comme chat sur braise sur les lenteurs et complications en matière de concrétisation de tout projet d’urbanisme d’envergure dans la capitale vaudoise ou ailleurs.

Aujourd’hui, huit ans après cette présentation enthousiaste, on attend toujours l’installation des premiers chantiers. Il serait faux toutefois d’en déduire qu’il ne s’est rien passé depuis. Tenant compte des inévitables remarques formulées à l’époque, un important travail sur la morphologie du projet et son intégration urbaine a été réalisé par la Société de Valorisation (SV) Rasude, maître d’ouvrage représentant les deux propriétaires, Mobimo Management et CFF Immobilier, en collaboration avec la Ville. C’est ainsi qu’en début de cette année était présentée une nouvelle mouture du futur de ce quartier, pièce urbaine stratégique reliant la Gare de Lausanne à l’avenue d’Ouchy.

Il y a cependant encore loin de la coupe aux lèvres. Une fois bouclé le plan d’affectation en cours de validation par le Canton, un concours d’architecture sera lancé à l’horizon 2025, afin de dessiner le futur visage de ce quartier. L’achèvement des travaux est espéré pour le milieu de la prochaine décennie. Une durée de vingt ans entre le lancement d’un tel projet et sa concrétisation se situerait alors dans la moyenne, sachant dans nos contrées le parcours du combattant qui attend les promoteurs face aux oppositions qui ne manquent jamais de se manifester et portées jusqu’aux plus hautes instances. Bref, il n’est pas certain à l’heure actuelle que le projet revu présenté dans les grandes lignes cette année soit le dernier…

Enjeu économique
Ce qui est sûr, c’est la nécessité pour Lausanne de se doter d’espaces propres à créer des places de travail et à inciter des sièges de grandes entreprises à s’y installer, profitant notamment du précieux atout qu’est de la connexion avec la Gare CFF. Les conditions cadres favorables à la venue de sociétés comprennent en effet aussi la mise à disposition d’un site alliant les avantages de proximité, d’équipement, de confort et d’agrément.

Ainsi qu’il l’a été rappelé à maintes reprises, il en va du développement ou simplement du maintien d’une économie locale en mal d’emplois et de grandes sociétés à forte capacité contributive. Si le coût de cette réalisation, actuellement estimé à 400 millions de francs, représente une manne considérable pour les entreprises de la région, c’est donc à plus long terme que la valorisation de ce quartier déploiera ses retombées positives sur l’attractivité de la ville.

Pièce urbaine majeure
La Rasude, c’est un quartier hautement stratégique connecté au hub de la gare. C’est une pièce urbaine majeure, dont le développement et le potentiel ont été quelque peu oubliés depuis les années soixante. De fait, il ne s’y est pas passé grand-chose depuis sa transformation par la Poste, il y a plus d’un demi-siècle, lorsque le géant jaune a construit ici son quartier général administratif ainsi que son centre logistique, avant de déménager en 2009 dans le gros de Vaud.

Version 2023
Dans sa nouvelle version, le projet est quelque peu redimensionné. La hauteur maximale des bâtiments a été revue à la baisse. Le nombre maximal d’étages est passé de 19 à 15, pour une hauteur du plus élevé d’entre eux ne dépassant pas celle de la tour Edipresse presque voisine. Les trois immeubles qui sortiront de terre auront ainsi respectivement 8, 12 et 15 étages sur rez-de-chaussée.

Dans l’ensemble, les surfaces disponibles, initialement de près de 84 000 m2, se voient réduites de 10 %. Redimensionnement drastique aussi s’agissant du nombre de places de stationnement. Il en avait été prévu 400, or il n’y en aura que 260, dont 70 publiques, dans un parking aménagé dans l’ancien centre de tri de la Poste, connecté au sous-sol de la place de la Gare. L’ancien centre administratif de la Poste, dit bâtiment Horizon, aujourd’hui loué à des entreprises, ne sera pas démoli. Seront aussi conservés, du moins s’agissant de leur façade, les immeubles situés au 41 et 43 de l’avenue de la Gare. Construits au début du XXe siècle, ils sont considérés comme éléments du patrimoine. Le 45 sur cette même avenue ne devrait quant à lui pas survivre. Bien que dû à l’architecte Alphonse Laverrière, il a été trop dénaturé au fil des ans.

1000 emplois à la clé
Les immeubles de la future Rasude seront essentiellement voués à des entreprises. Le projet devrait amener la création de 1100 emplois. Quelque 70 % des 73 000 m2 de surface de plancher seront destinés à des espaces de bureaux. Il est prévu de proposer 130 logements, dont un cinquième à loyer modéré.

L’ambition est de développer ici, sur près de 18 000 m2, un écosystème sur le modèle de l’Europaallee à Zurich, une voie elle aussi située à proximité de la gare, soit un quartier d’affaires piétonnier, mais comportant aussi des surfaces commerciales, des cafés-restaurants, une garderie, voire un hôtel. La réhabilitation de la voie de la Rasude reliant la place de la Gare CFF à l’avenue d’Ouchy, condamnée depuis le début des années soixante, est l’un des points forts du projet. On devrait même y trouve un parc végétalisé, avec vue sur le Alpes et le Léman, bienvenu dans cette partie de ville très minérale.

FORTE CONCURRENCE DANS L’OUEST
La construction d’un quartier d’affaires tel que la Rasude à Lausanne, ville centre d’une agglomération comptant près de 440 000 habitants, est d’autant plus urgente et nécessaire pour dynamiser une commune en mal d’emplois que dans l’ouest lausannois les réalisations d’immobilier commercial « concurrentes » se multiplient.

« Toitures végétalisées, bassins de rétention d’eau, panneaux photovoltaïques, caissons vitrés pour éviter la déperdition de chaleur, larges espaces verts : le complexe Cocoon s’inscrit dans une volonté de préserver l’environnement et la biodiversité du site. » Après le Millenium de Crissier, ce sera dans quelques mois la mise en service complète de cet ensemble à Bussigny.

Ce vaste complexe à plus de 200 millions de francs est situé proche de l’échangeur autoroutier de Crissier, au cœur de toutes les mobilités, dont le futur tram t1. Il offrira 38 000 m2 de surfaces d’activités et services, 13 000 m2 d’espaces de stockages et 380 places de parking couvertes dans un véritable nouveau quartier composé de quatre bâtiments intégralement vitrés, à l’architecture audacieuse. De quoi accueillir quelque 2500 postes de travail.