LA PROMESSE DES ÉCOQUARTIERS NOUVEAUX MORCEAUX DE VILLE

La population de la commune de Lausanne a franchi en octobre dernier pour la première fois le cap de 150 000 habitant·e·s. Cette mutation vers une ville-centre de plus en plus peuplée engendre une forte augmentation de la construction de logements depuis quelques années, notamment dans le cadre du programme communal   Métamorphose. De véritables nouveaux morceaux de ville résultent de cette stratégie. Seul celui des Plaines-du-Loup est actuellement passé du projet à la réalité, du moins s’agissant de sa première phase, tandis qu’une deuxième phase se précise enfin. Le second site, au sud-ouest de la Ville, en est encore aux études préliminaires. Cela dit, avec un taux de logements vacants de 0,52 % en 2023, la commune stagne bien au-dessous de la barre de 1,5 % considérée par la loi comme la limite à atteindre pour ne pas être en situation de pénurie, avec toutes les contraintes administratives que cela implique.

Lausanne a fêté l’été passé l’arrivée des premiers habitant ·e·s dans le secteur de 146 000 m2 du nouveau quartier imaginé il y a près de 20 ans aux Plaines-du-Loup. Quartier voulu exemplaire, qualifié d’écoquartier en raison d’un ensemble de mesures voulues par la Ville en matière de préservation des ressources et de l’incitation aux transports publics et à la mobilité douce. Ces 23 bâtiments totalisant 1124 logements constituent la première étape d’un écoquartier géant, devant s’étendre jusqu’à la Pontaise et accueillir à terme quelque 11 000 habitant·e·s ainsi que, si les prévisions se réalisent, près de 3000 emplois.

La deuxième phase, aujourd’hui sur les starting-blocks, représente quelque 170 000 m2 de surface de plancher. Il est prévu d’y construire environ 1500 logements, bureaux et commerces, en une vingtaine de bâtiments, érigés là aussi par des investisseurs, ainsi qu’une école de 32 classes, et de créer 1500 emplois. On y trouvera aussi une station du futur métro m3, ligne tant attendue et vitale pour une desserte à la mesure de ce nouveau véritable morceau de ville excentré et voué à une dense occupation. Si tout se déroule normalement, les premiers occupant(e)s s’installeront ici à l’horizon 2030. Observons que dans ce périmètre d’affectation on trouve l’établissement de détention du Bois-Mermet. Une prison centenaire qui n’est pas près de disparaître, le Canton de Vaud ayant décidé de la rénover pour la faire durer au moins jusqu’en 2040.

A la différence de la première étape, cette deuxième sera intensément boisée, répondant en quelque sorte aux critiques déplorant le peu de végétalisation du premier secteur, mais surtout aux enjeux climatiques. Lauréat du concours d’aménagement des espaces publics, le bureau lausannois MAP (Monnier Architecture du Paysage) a développé ici, par son projet intitulé « Promenons- nous dans les bois », l’intéressante idée de forêt urbaine, concrétisée notamment par un hectare intensément boisé de plus d’un millier d’arbres. Ce n’est pas tout. Reste à savoir quel sera le sort de la troisième étape du projet Métamorphose sur les hauts de Lausanne, à savoir une réaffectation globale du territoire courant jusqu’à la caserne de la Pontaise, incluant la démolition de l’emblématique Stade Olympique. Validée par le Conseil communal, confirmée à plusieurs reprises, cette disparition est loin d’être acquise (lire encadré).

Vidy se précise
Par ailleurs, dans un futur encore un peu flou, Lausanne travaille à la mise en œuvre d’un écoquartier sur un autre site stratégique, « Les Prés de Vidy », situé dans le sud-est de la commune, devant accueillir environ 2000 habitant·e·s et 1500 postes de travail au début des années 2030.

En septembre dernier, la Ville a présenté le projet avec moultes détails qu’on espère un jour traduits dans la réalité. Il se caractérise par deux secteurs. Le premier, « Les Jardins de Vidy », est destiné principalement au logement, tout en conservant son caractère horticole. Il est prévu d’y construire un complexe scolaire pour les enfants des nouveaux arrivants et ceux du quartier environnant. Dans le second secteur, dit « Vidy la Romaine », prendront place aussi du logement, et également des activités tertiaires, artisanales et commerciales de proximité. Là aussi, un complexe scolaire est prévu, de même que le maintien et la mise en valeur du centre administratif existant.

Il faudra cependant patienter plusieurs années avant de voir se peupler ces deux derniers secteurs. Le projet de Vidy se situe en effet sur un site archéologique sensible. Le Conseil communal de Lausanne a voté en début d’année un crédit de près de 30 millions de francs pour la réalisation des fouilles archéologiques jugées nécessaires.

Le potentiel de développement des Prés-de-Vidy, futur écoquartier constitué de deux secteurs, « Les jardins de Vidy » et « Vidy la Romaine » est appréciable, ainsi que le montre cette représentation. Il est certes appelé à évoluer car situé dans une zone archéologique sensible.

PÉNURIE ET LENTEUR
Tous ces développements et projets de construction de logements, dont certains en sont au stade embryonnaire, devraient contribuer à répondre à une augmentation constante de la demande. A l’échelle du district, Vaud Statistique relève que dans celui de Lausanne, 690 nouveaux logements ont été construits en 2021 et 800 en 2022. C’est mieux qu’en 2020 où ils étaient 538, mais loin de chiffre de 1042 enregistré en 2019 et encore plus de 1620 érigés en 2016.

Autre constat, toujours selon Vaud Statistique : « Entre 21 et 45 mois ont été nécessaires pour construire la moitié de ces nouveaux bâtiments. Au cours des cinq dernières années, le processus de construction s’est allongé de six mois. Cette augmentation est due principalement à l’allongement de la période entre la délivrance du permis de construire et le début des travaux, ainsi qu’à des chantiers plus longs. » Autre évolution notable, l’activité de la construction se concentre toujours plus dans les agglomérations.

Enfin, selon les chiffres publiés récemment par la Ville de Lausanne sur son site, la capitale vaudoise compte plus de 80 000 logements toutes catégories confondues, dont 13 % de logements dits d’utilité publique (loyer modéré, abordable, protégé ou pour étudiant·e·s). La Commune indique par ailleurs être propriétaire de plus de 600 logements et en gérer 4300. Quant au taux de logements vacants sur le territoire communal, le projet City Statistics de l’Office fédéral de la statistique le situe en 2023 à 0,53 % (0,67 % pour l’ensemble de l’agglomération). C’est mieux qu’en 2020 où il était de 0,48 % (0,97 % pour l’ensemble de l’agglomération), mais toujours bien en-dessous de 1,5 %, taux à partir duquel la loi considère que la situation ne relève plus de la pénurie, avec levée de contraintes administratives sur le parc locatif.

Enfin, toujours selon City Statistics, on apprend que la surface d’habitation moyenne par personne s’élevait à 37,14 m2 à Lausanne en 2023, chiffre à peu près stable d’une année à l’autre.