Quand bien même il omet des questions primordiales aux yeux des commerçants, un postulat déposé par la conseillère communale Sarah Neumann et transmis à la Municipalité ambitionne une indispensable amélioration de la situation.
Les restrictions d’accès dissuadant de venir faire des achats à Lausanne s’inscrivent dans un contexte globalement défavorable, ce qui a motivé un postulat de la conseillère communale Sarah Neumann intitulé « Maintenir la vie commerciale en ville : une vision stratégique et des mesures articulées ». Des restrictions auxquelles s’ajoutent, selon l’autrice, des tensions parfois vives entre les commerçants et l’administration communale lors des tentatives d’animer les rues et de renforcer l’activité de vente par des propositions inédites « scrutées avec une très (trop) grande rigueur, poussant les acteurs à réduire leur créativité au strict
essentiel ».
Un postulat n’est certes pas contraignant, mais la Municipalité a en principe six mois pour se déterminer. Celui-ci demande à la Commune de « se doter d’un plan d’actions et d’une stratégie claire pour maintenir l’attractivité et la vie commerciale en ville ».
Des idées et quelques lacunes
Le postulat Neumann suggère un plan intégrant notamment la facilitation et le soutien de manifestations et animations proposées par les enseignes commerciales, la montée en puissance du dispositif Enjoy et une évolution vers la dématérialisation du système de carte d’achat. Il répond également à la demande que la SCCL a formulé pour la mise en place de panneaux d’information indiquant la disponibilité des places dans les grands parkings publics souterrains ou en étages, information qui pourrait être articulée avec les temps/distances à parcourir à pied pour accéder aux différents magasins.
Cela dit, le postulat omet cependant de parler de nombreuses questions importantes aux yeux des commerçants, comme d’augmenter les mesures limitant les conséquences parfois délétères de la présence de toxicomanes et de dealers dans les rues à forte affluence. Il ne parle pas non plus de trouver des alternatives à la baisse de fréquentation des enseignes en raison de la difficulté d’accéder au centre-ville, parfois en lien avec les nombreux chantiers en cours ou les suppressions de places de parc. Afin que ce postulat et cette stratégie aient de vraies répercussions sur le terrain, il conviendrait de travailler main dans la main avec les associations faîtières concernées, et ne pas avoir peur de traiter des
sujets jusqu’alors mis de côté en raison de leur manque d’attractivité politique auprès des votants.
QUELLE BONNE NOUVELLE !
Il est toujours bienvenu qu’un ou une élu·e se mette à l’écoute des commerçants et je remercie Sarah Neumann de porter nos préoccupations au Conseil Communal au travers de son postulat. La Société coopérative des commerçants lausannois dont j’assume la présidence et qui tient le rôle d’association faîtière pour les enseignes lausannoises se met à son entière disposition pour échanger sur les problématiques que nous rencontrons, nous nous réjouissons d’ores et déjà de pouvoir collaborer avec elle.
Ce dialogue est primordial. Les petits commerçants ne demandent pas à être subventionnés pour leurs travaux de rénovation, ni accompagnés dans la digitalisation de leurs enseignes. Ils demandent à être écoutés et surtout entendus sur les conséquences dues à la modification de la mobilité en ville qu’ils vivent au quotidien. Ils attendent des solutions concrètes pour une meilleure gestion des problématiques liés à la drogue et à la mendicité, ce serait un tort de minimiser ceux‑ci, la population en a aussi ras la casquette de la dégradation et de l’insécurité qui prévaut au centre-ville depuis quelques années, nos clients nous en font part régulièrement.
Le souhait au travers de ce postulat est d’apporter une aide efficace aux commerçants ? Alors il faudra des prises de positions fortes, qui vont au delà de mesures « cosmétiques ». Son autrice cherche des idées pour solutionner leurs problèmes les plus importants ? Alors mettons-nous au plus vite autour d’une table, débattons dans une démarche réellement ouverte, avec l’attente que Madame Sarah Neumann ait le courage politique de s’en emparer et de les porter plus loin.
Anne-Lise Noz, Présidente de la SCCL
