Lausanne, comme partout dans le monde, les commissions sur les paiements par carte constituent un sujet sensible pour les commerçants, en particulier pour les petites enseignes. Les taux appliqués aux petites enseignes sont souvent plus élevés que ceux demandés aux grandes surfaces, cela en raison de leur volume de transactions moindre, lequel réduit leur pouvoir de négociation avec les acquéreurs.
Cette situation pénalise les petites entreprises, déjà confrontées à des défis comme l’accès limité au marché des capitaux et un assortiment moins diversifié. Avec l’essor fulgurant des paiements dématérialisés – passés de 30 % à plus de 70 % des transactions en magasin en seulement dix ans – ces commissions grignotent sérieusement leurs marges.
e problème est encore plus aigu pour les commerces à faible panier moyen, comme les boulangeries ou les kiosques. Pour ces établissements, les commissions minimales peuvent rendre certaines ventes non rentables. Par exemple, sur un achat inférieur à dix francs, la commission peut absorber l’intégralité de la marge, poussant certains commerçants à imposer un montant minimum
pour les paiements par carte.
Les coûts varient également fortement selon le type de carte ou de moyen de paiement utilisé. Voici un ordre approximatif, du plus avantageux au plus coûteux pour les commerçants :
1. Cartes de débit physiques (Maestro, Visa, Mastercard Débit),
2. Cartes de crédit et cartes de débit dématérialisées (Apple Pay, Google Pay, etc.),
3. Cartes étrangères et Twint.
4. Bien des consommateurs pensent que Twint est gratuit ou peu coûteux, car son usage entre particuliers ne génère pas de frais. Pour les commerçants en revanche, Twint est souvent le moyen de paiement le plus cher, malgré qu’il soit aujourd’hui le plus utilisé en Suisse en termes de volume de transactions B2C.
Face à cette réalité, la Société Coopérative du Commerce Lausannois (SCCL) a décidé d’agir. Consciente de la force collective que représente le commerce de détail, elle a engagé des discussions avec les prestataires de paiement pour négocier des taux préférentiels au nom de l’ensemble de ses membres.
Cette stratégie s’inspire du modèle de GastroSuisse, qui a réussi à obtenir de meilleures conditions pour toutes les entreprises de sa branche, en mettant en avant leur chiffre d’affaires cumulé plutôt que celui de chaque enseigne individuellement.
Un petit geste qui peut faire toute la différence : la SCCL recommande aux acheteurs qui ne souhaitent pas payer en espèces d’utiliser, lorsque c’est possible, une carte physique plutôt qu’une carte digitale sur le smartphone.
Anne-Lise Noz, Présidente de la SCCL