NOUVEAU CHAPITRE DE L’ANCRAGE DU CIO À LAUSANNE

Photo souvenir lors de l’intronisation le 23 juin dernier de Kirsty Coventry, illustrant la nécessité et la volonté de maintenir et développer les liens tissés avec la ville de Lausanne et le Canton. Entourés par Christelle Luisier, présidente le Conseil d’Etat, et de Grégoire Junod, syndic de Lausanne, la nouvelle présidente de la prestigieuse organisation sportive ici au côté de Thomas Bach, président sortant.

Première femme à accéder à la présidence du Comité International Olympique, la Zimbabwéenne Kirsty Coventry est, pour huit ans au moins – mandat renouvelable une fois pour une période de quatre ans – à la tête de l’organisation gardienne des Jeux Olympiques. Première personnalité africaine élue à cette fonction, elle succède à l’allemand Thomas Bach qui détenait les clés de la Maison Olympique depuis 2013. Les défis qui l’attendent sont nombreux, périlleux pour certains, dans un monde en profond bouleversement géopolitique et sociétal. Pour la Ville de Lausanne, le Canton de Vaud et la Suisse, c’est un nouveau chapitre de l’ancrage du CIO dans la capitale vaudoise. Il s’agira de maintenir la qualité des liens tissés avec une entité dont la présence est immensément bénéfique à la collectivité, en matière de rayonnement, d’attractivité et de retombées économiques.

Ancienne championne olympique de natation – cinq JO à son actif –, ministre des Sports en 2018 dans son pays, la nouvelle présidente a quitté l’Afrique australe pour s’installer à Lausanne. Âgée de 41 ans, plus jeune des neuf présidents qui l’ont précédée au fil des ans, mère de deux fillettes, Kirsty Coventry découvre un lieu de résidence qui ne lui était pas totalement étranger en raison des nombreux séjours qu’elle a eu l’occasion d’y faire en tant que membre du CIO depuis 2013. Comme son devancier et d’autres avant elle, vivre dans la région lausannoise est un signe tangible du solide ancrage du siège du CIO dans la capitale vaudoise depuis 110 ans.

Intronisée le 23 juin lors de la traditionnelle Journée Olympique, Kirsty Coventry a été élue au premier tour de scrutin, par les membres du CIO comme il se doit. De fait, elle avait atteint de justesse la majorité absolue, de 49 voix sur 97 prises en compte. Un résultat encourageant, mais laissant penser que la nouvelle présidente aura probablement à gérer une certaine opposition à l’interne. Il demeure que parmi les six autres candidats, tous des hommes, seul Juan Antonio Samaranch junior, vice-président depuis 2022, s’est approché de son score : il a cependant glané 28 voix seulement, mais aucun autre n’en a obtenu plus huit. Gageons que Madame Coventry saura se faire respecter à l’interne, et qu’à l’externe elle saura aussi se faire apprécier par les Lausannois.

Thomas Bach président sortant, remettant les clés de la Maison Olympique à Kirsty Coventry, 10e présidente du Comité International Olympique.

Des réalisations majeures
Solidement ancré à Lausanne depuis 110 ans, le siège du CIO fait davantage que partie du décor. C’est dû en grande partie à la présidence particulièrement marquante de Juan Antonio Samaranch, grâce auquel les relations avec la Ville se sont fortement développées. Décédé à en 2010, l’homme coiffa l’organisation de 1980 à 2001, soit la plus longue durée après celle du fondateur Pierre de Coubertin. On doit notamment à l’illustre Catalan, rapidement devenu citoyen lausannois à part entière et au quotidien, de nombreuses actions qui ont grandement contribué au rayonnement de Lausanne. Deux d’entre elles sont particulièrement marquantes et valorisantes. D’une part le musée Olympique à Ouchy, inauguré en 1993, agrandi et modernisé en 2013, devenu le musée le plus visité de Suisse. D’autre part le statut unique également de Capitale Olympique décerné l’année suivante à la ville de Lausanne, fièrement arboré sur le fronton de la Gare CFF. Enfin, c’est sous son règne que fut érigée la première Maison Olympique à Vidy, inaugurée en 1986 en présence notamment du Conseiller fédéral Jean-Pascal Delamuraz. Ajoutons qu’en son honneur le Stade de Vidy a été renommé en 2001 stade Juan-Antonio-Samaranch, en écho au Stade d’athlétisme Pierre-de-Coubertin également à Vidy.

De véritables Lausannois
Le Belge Jacques Rogge succéda pendant douze ans à Jean-Antonio Samaranch à la tête du CIO. Décédé en 2021, lui aussi se considérait comme un véritable Lausannois, et l’avait fortement affirmé lorsque bruissaient des rumeurs selon lesquelles l’organisation voulait quitter Lausanne. La Ville lui a rendu hommage en baptisant Espace-Jacque-Rogge l’espace devant la fontaine olympique à Ouchy.

Puis ce fut, en 2013, au tour de Thomas Bach. Pendant ses douze années de fonction, l’Allemand a tissé des liens d’amitiés importants avec la Ville dont il fut un ambassadeur apprécié sur la scène internationale, notamment dans le cadre de l’obtention des JOJ de 2020. Et c’est au cours de son mandat que fut construite la nouvelle et imposante Maison Olympique à Vidy, dont la plus grande partie des travaux ont réalisée par des entreprises de la région. Inaugurée en 2019, elle est considérée comme une confirmation de la pérennité du siège du CIO à Lausanne et de toutes les manifestations bénéfiques qui lui sont liées.

Intérêt stratégique
Mais rien n’est définitivement acquis, dans la mesure où le monde entier envie à Lausanne d’héberger cette prestigieuse organisation de 107 membres, dans laquelle la Suisse ne compte hélas plus que deux représentants : Denis Oswald depuis 1991, et Gianni Infantino depuis 2020. D’où la nécessité pour la Ville, le Canton et la Suisse, de s’assurer que le CIO reste sur sol vaudois, en maintenant et développant les relations tissées au fil des ans, tout particulièrement les relations personnelles avec la présidence, relations particulièrement renforcées par l’arrivée de Juan Antonio Samaranch en 1980.

Mais le siège du CIO, ce n’est pas seulement un joyau de la couronne pour le rayonnement de Lausanne et son attractivité, revêtant un intérêt stratégique contribuant au rayonnement de la Suisse. C’est aussi une contribution importante en termes de retombées économiques. Une soixantaine d’organisations et fédérations sportives internationales ou institutions dédiées à la recherche et à l’éducation dans le monde du sport en Suisse, sans compter un secteur privé considérable, dépendent en bonne partie de sa présence. Un étude portant sur la période 2014-2019 a estimé ces retombées à 870 millions de francs par an pour le Canton, dont la moitié dans le district de Lausanne, et plus de 1800 emplois.