D’UNE RIVE À L’AUTRE DU LÉMAN LE NAVIEXPRESS SE JETTE À L’EAU

Evian-les‑Bains, premier des deux Naviexpress commandé par la CGN, est entré discrètement en service en décembre dernier, inaugurant une nouvelle génération de navetteurs sur le Léman.

L’« Évian-les‑Bains » a été le premier à entrer en service des deux ferries high tech de la CGN destinés à améliorer l’efficacité de la desserte entre la Suisse et la France. Le navire a pris le lac en décembre dernier à la satisfaction générale, cela quand bien même sa manoeuvrabilité n’était pas encore optimale par gros temps. Ce renforcement des liaisons avec la France voisine vers Evian et Thonon est apparu indispensable voire urgent au vu du nombre croissant de frontaliers et frontalières qui effectuent quasi quotidiennement la traversée. Ces navetteurs et navetteuses lacustres sont des milliers à se rendre chaque jour à Lausanne contribuant à pallier le déficit de main-d’œuvre locale dans de nombreux secteurs.

Attendu de longue date, le renforcement de capacité translémanique passe enfin du projet à sa concrétisation. Les deux Naviexpress, respectivement « Évian-les‑Bains » et « Thonon- les‑Bains » ne sont pas des nouveaux bateaux tout-à-fait comme les autres. Ces ferries ultra-modernes représentent un saut technologique majeur en regard des unités affectées jusqu’ici à l’acheminement des frontaliers et des frontalières.

Vue depuis le cockpit ultra-moderne du Naviexpress à l’approche de la côte, lequel a connu quelques petits soucis de manoeuvrabilité en raison d’une puissance parfois insuffisante.

Ces bateaux ont été conçus et développés pour la CGN par l’entreprise lucernoise Shiptec SA, puis assemblés dans le chantier naval de la compagnie de navigation à Ouchy notamment par des ouvriers polonais venant des chantiers navals de Gdansk, experts en la matière. Ces ferries illustrent une nouvelle génération de navetteurs. Ils mettent en œuvre un concept révolutionnaire censé leur permettre de consommer jusqu’à 40 % de moins de carburant que leurs devanciers à vitesse équivalente, avec la réduction des émissions de CO2 qui en résulte. D’une capacité de 700 places avec gilet de sauvetage sous chaque siège, dont 600 assises, ils sont conçus pour faciliter au maximum les opérations d’embarquement et de débarquement des passagers.

Deux atouts déterminants
Deux éléments contribuent à cette remarquable efficacité énergétique des Naviexpress. La propulsion hybride d’une part, assurée par deux moteurs diesel de 920 kW chacun, et deux moteurs électriques de 225 kW chacun lui permettant notamment de naviguer en tout électrique à l’abord des ports. La seconde caractéristique qui leur permet une telle réduction de consommation est la conception de leur coque. Celle‑ci est en aluminium, ce qui permet d’avoir un bateau moins lourd – 335 tonnes à vide et 415 tonnes en charge. Sa coque est par ailleurs dotée dotée d’ailerons stabilisateurs limitant le roulis, accroissant le confort des passager et réduisant le nombre d’annulations de courses par gros temps. Restait toutefois en décembre dernier à palier un manque de puissance en marche arrière et perfectionner la manoeuvrabilité du navire par fort vent, ce qui pourrait s’avérer problématique à proximité des ports.

D’une capacité de 700 places confortables, dont 600 assises, les Naviexpress sont à la mesure d’une demande toujours plus forte.

D’un coup unitaire de trente millions de francs y compris les frais d’étude, les deux Naviexpress ont été financés par la CGN par emprunt. Les coûts totaux d’exploitations pourraient atteindre près de deux millions de francs par an. Ils doivent être assumés pour moitié par les collectivités françaises et pour l’autre moitié par le Canton de Vaud (26,5 %) et la Confédération (23,5 %).

 

 

FRONTALIERS TOUJOURS PLUS APPRÉCIÉS
« La croissance régulière et parfois spectaculaire du nombre de personnes frontalières actives à Lausanne et dans le canton atteste de la vitalité d’une croissance économique régionale que les indicateurs du chômage, notamment en milieu urbain, tendraient à sous‑estimer », observe la Ville de Lausanne dont son « portrait statistique ». Et de souligner qu’en vingt ans, ce nombre de personnes se rendant, par la voie du lac, en train ou par la route, pour travailler dans la capitale vaudoise a augmenté de plus de 10 % par an. En 2023, ils ou elles étaient près de 8’500 venant travailler à Lausanne, sur quelque 45’000 pour l’ensemble du Canton.

Sur le territoire vaudois comme ailleurs en Suisse, les domaines d’activité où les navetteurs et navetteuses sont les plus nombreux ou nombreuses mettent en lumière les secteurs économiques où le manque de manque de main-d’œuvre indigène est le plus marqué. Les hommes sont clairement majoritaires. L’augmentation la plus forte concerne les 20 à 24 ans : ils étaient 13 % de plus au 2e trimestre 2024 qu’une année auparavant à travailler dans le canton. Au troisième trimestre de 2024, pour l’ensemble du Canton, Statistique Vaud rappelle que le tertiaire est de loin le secteur de loin le plus demandeur, avec 31’731 personnes recensées. Ici, la santé/action sociale et le commerce étaient les domaines largement en tête, quasi ex aequo avec respectivement 6’277 et 6’223 personnes.

Venaient ensuite les activités immobilières/services, avec 5’924 âmes, puis les activités spécialisées/scientifiques avec 3’518 personnes. S’agissant du secteur secondaire, où l’on dénombrait 12’484 personnes, c’est dans l’industrie qu’elles sont les plus nombreuses (9’489) à se rendre quotidiennement en Suisse pour travailler ans le canton.