
LUMIÈRE ET OMBRE SUR LE SOLAIRE
Le nombre d’installations photovoltaïques raccordées au réseau des SIL a augmenté en 2023 à la cadence de trente par mois. Il y en avait 2375 fin 2023, atteignant une puissance de 40,1 MW. La puissance moyenne par installation est elle aussi en hausse, en raison de l’amélioration du rendement des panneaux et de l’utilisation désormais optimale des surfaces à disposition. Les modalités de l’utilisation des excédents temporaires avec le réseau peuvent s’avérer problématiques. Gagner de l’argent avec ses panneaux solaires pour les amortir devient de moins en moins évident.
Au niveau suisse, l’Office fédéral de l’énergie (OFREN) indique une croissance de 51 % en 2023, soit 1641 MW, pour une puissance totale installée de 6,4 GW. Toutefois, selon l’OFREN, cette croissance pourrait être freinée en raison de l’incertitude des conditions-cadres politiques, de la baisse du prix du courant et du besoin de main-d’œuvre qualifiée, les nouveaux apprentissages CFC et AFP d’installateur solaire arrivant ici heureusement au bon moment.
La production de photovoltaïque s’envole donc. Selon Romande Energie, le 30 juillet 2023, entre 14 h et 14 h 15, elle a dépassé la consommation totale de clients de son réseau. Revers de la médaille, ici, maintenant et pour pas mal de temps encore : l’importante production décentralisée d’énergie peut devenir un casse-tête pour les gestionnaires du réseau auquel elle est connectée en raison des problèmes techniques d’absorption des surplus… et déconcerter financièrement des utilisateurs qui ont misé sur le photovoltaïque en escomptant rentabiliser rapidement leur investissement. Voire les inciter à choisir des installations plus petites au risque de ne pas exploiter pleinement le potentiel solaire de leur toit, ce qui n’est pas le moindre des paradoxes.
Le courant produit par les panneaux solaires étant prioritairement consommé sur place, le compteur ralentit, voire s’arrête, et la facture diminue. Le surplus de cette production, notamment durant les mois de fort ensoleillement et généralement de faible consommation, est automatiquement injecté dans le réseau de distribution. C’est là que le bât blesse.
Pour des raisons historiques évidentes, les réseaux des distributeurs ont été conçus et dimensionnés pour acheminer le courant du fournisseur vers l’utilisateur, non l’inverse. Les renforcements aujourd’hui nécessaires coûtent cher. Ils se font progressivement, selon le degré de saturation des tronçons posant problème. En attendant, grâce aux compteurs dits intelligents installés chez les consommateurs, le gestionnaire du réseau peut, dans certaines situations, écrêter à distance, voire bloquer, la production de courant photovoltaïque d’une installation. Ou encore refuser l’autorisation d’une installation. L’une des solutions réside dans le stockage de ce courant excédentaire. Selon l’OFREN, en Suisse, 42 % des nouvelles installations sur des maisons individuelles sont combinées avec une batterie.
Le courant photovoltaïque excédentaire injecté dans le réseau est bien sûr rétribué. Les tarifs, dégressifs en fonction de la puissance des installations, varient fortement selon les réseaux. Ils fluctuent selon les prix du marché, et sont bien plus bas que ceux de la vente à l’utilisateur, en raison de la prise en compte des taxes d’acheminement. Pour une installation d’une puissance jusqu’à 30 kW, soit les plus courantes, les SIL paient cette année, avant TVA de 8,1 %, 17,80 cts le kW/h solaire injecté dans le réseau, mais ils ne verseront plus que 14,20 cts en 2025. Si la dégringolade se poursuit, la Ville s’est engagée à ne pas descendre au-dessous de 10 cts le kW/h d’ici 2032.

COUP DE FROID SUR LES POMPES À CHALEUR
Les pompes à chaleur sont l’une des solutions hautement préconisées par le projet de loi vaudoise sur l’énergie en substitution des installations de chauffage à énergie fossile. Les pouvoirs publics vont devoir déployer des trésors d’encouragement et un plan d’action pour inciter les usagers potentiels, car la progression de ce procédé considéré comme vertueux est en perte de vitesse si l’on en juge l’évolution du nombre de nouvelles installations.
Les pompes à chaleur sont des systèmes essentiels à la décarbonation, or la demande serait en net recul depuis plusieurs mois. L’European Heat Pump Association (EPHA) constate une baisse marquée du nombre de nouvelles installations depuis quelques mois, en Suisse et dans le monde. Dans notre pays, ce nombre aurait chuté de 35% durant le premier semestre 2024, avec seulement 14’000 unités vendues contre 22’000 durant la même période l’année précédente.
Cette tendance à la baisse s’est manifestée au milieu de l’année dernière. Elle s’explique essentiellement par l’éclatement de la bulle de la crise énergétique de 2022 après le début du conflit en Ukraine. Pas grave pour autant, selon le Groupement professionnel suisse pour les pompes à chaleur (GSP), pour qui cette accalmie est un retour vers un niveau rationnel et détend quelque peu la tension chez les installateurs.
Les pompes à chaleur demeurent une solution de plus en plus utilisée en Suisse. En septembre dernier, l’Office fédéral de la statistique (OFS) indiquait que « a proportion de bâtiments raccordés à une pompe à chaleur (21 %) a été multipliée par cinq depuis 2000 et représente même les trois quarts des objets construits au cours de la dernière décennie ».
Quelques chiffres de l’OFS encore : « 54 % des bâtiments à usage d’habitation étaient chauffés aux énergies fossiles (mazout et gaz) en Suisse en 2023. La principale source d’énergie du chauffage restait le mazout avec une utilisation dans 37 % des bâtiments. Cette part était toutefois en recul constant au cours des quarante dernières années. Un chauffage au gaz était installé dans 17 % des bâtiments et la part de ce dernier variait fortement entre régions urbaines et rurales. 29 % des bâtiments étaient chauffés au gaz dans les communes urbaines contre seulement 4 % dans les communes rurales. »
Par ailleurs, la situation est légèrement différente au niveau des ménages : « En 2023, un peu moins de deux tiers des foyers se chauffaient aux énergies fossiles (38 % au mazout et 25 % au gaz). La part des ménages se chauffant avec une pompe à chaleur était de 18 %, cette proportion étant la plus élevée dans le canton de Fribourg (32 %). »