ENQUÊTES DE TERRAIN SUR LA RÉALITÉ DES SALAIRES

Un éclairage inédit sur la réalité des salaires. En dix ans, c’est non seulement le niveau des salaires qui a évolué, mais leur structure.

La perspective d’une votation cantonale sur un salaire minimum de 23 francs, face au contre-projet du Conseil d’État privilégiant les conventions collectives (CCT), suscite une vive tension. L’étude 2022 de Statistique Vaud sur les rémunérations effectives dans le canton, par branches économiques, offre un éclairage précieux sur la réalité salariale. La diversité des situations est frappante, notamment en raison de la part significative de salaires bruts incluant des primes et gratifications dans les contrats de travail. Par ailleurs, Statistique Vaud a analysé l’évolution des salaires nets des titulaires de CFC/AFP ou de certificats d’école de culture générale entre 2011 et 2021, offrant ainsi une perspective historique éclairante.

En 2022, la moitié du nombre des salaires mensuels bruts vaudois était inférieure à 6’690 francs, l’autre moitié était supérieure. Ce salaire médian de 6’690 francs ressort de la dernière enquête fédérale sur la structure des salaires en Suisse auprès des entreprises privées et publiques – démarche réalisée tous les deux ans, la prochaine en cours de dépouillement.

En dix ans, ce salaire médian vaudois a augmenté de 480 francs. En hausse réelle, compte tenu de l’évolution générale des prix de 3,3 %, cela représente une hausse de 280 francs. En dix ans, c’est non seulement le niveau des salaires qui a évolué, mais leur structure. C’est ainsi qu’en 2022, près du tiers du nombre incluaient un bonus ou autre gratification inscrit dans le contrat de travail. Ces bonus, qui peuvent varier d’une année à l’autre, représentaient environ 4,2 % de la masse salariale, contre 2,7 % dix ans auparavant. Vaud Statistique constate que « la plupart des salaires avec bonus concernent des postes sans fonction d’encadrement (62 %), tandis que les postes concernés de cadre supérieur (7 %) ou de cadre moyen (10 %)  sont comparativement trois fois moins nombreux ».

L’ancienneté de 35 ans dans une entreprise et l’expérience acquise se traduisent par un salaire médian de 8’600 francs, contre 5’880 pour une collaboration de moins de trois ans. Dans le même ordre d’idée, les salaire versés aux personnes de plus de 55 ans (7’610 francs), sont peu comparables à celle de moins de 25 ans (4’840 francs).

Cette médiane vaudoise de 6’690 francs est toutefois inférieure de 100 francs à celle relevée au niveau Suisse. « Certaines branches économiques, qui dégagent plus de profit que d’autres, distribuent en effet des salaires tendanciellement plus élevés, expliquent les auteurs de l’étude. Ainsi, le fort ancrage de l’industrie chimique dans suissesse du Nord-Ouest (Bâle-Campagne, Bâle-Ville et Argovie) ou les pôles financiers présents à Zurich et à Genève tirent les salaires médians vers le haut. Le canton de Genève affiche de ce fait un salaire médian de 7’470 francs, soit 780 francs de plus que dans le canton de Vaud. »

Le salaire médian varie donc fortement en fonction des branches économiques. C’est dans les activités de l’informatique, très sollicitées notamment par la transition énergétique, et la cybersécurité, qu’il est le plus élevé : il atteignait 9720 francs dans le canton en 2022.

CFC/AFP et ECG, 10 ans après

En 2011 dans le canton, quelque 7’500 personnes avaient obtenu un diplôme à la suite de la scolarité obligatoire : 64 % d’une formation professionnelle (CFC/AFP), 30 % d’une maturité gymnasiale 1, et 6 % d’une École de culture générale (ECG) – à noter que cette dernière délivre dorénavant 10 % des diplômes du secondaire II.

Formation professionnelle initiale ou École de culture générale : quel niveau de rémunération dix ans après l’obtention du titre ? Statistique Vaud a examiné la situation pour la période de 2011 à 2021. Résultat : après dix ans, ce niveau est similaire, avec un salaire médian légèrement inférieur à 67’000 francs nets. Au-delà de cette valeur centrale, une personne sur cinq ayant effectué un apprentissage gagne moins de 55’000 francs, une sur six plus de 85’000 francs. Variation bien sûr selon le domaine étudié et l’éventuel diplôme obtenu par la suite. Les personnes qui gagnent le plus sont celles actives dans le domaine technique, ou qui ont obtenu un maturité professionnelle.

L’étude indique par ailleurs que le salaire médian des titulaires d’un CFC se situe à environ à 46’000 francs après un an de pratique, puis qu’il augmente en moyenne de 1’500 francs par année pour atteindre 66’100 francs dix ans après – 75’900 avec une matu professionnelle. La rémunération des titulaires d’une AFP reste quant à elle en deçà d’environ 10’000 francs par an.

Trois étoiles indiquent une estimation plus fiable (coefficient de variation inférieur à 2 %) et une étoile indique une estimation moins fiable (coefficient de variation supérieur à 5 %).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le fort ancrage de l’industrie chimique dans la Suisse du Nord-Ouest (Bâle-Campagne, Bâle-Ville et Argovie) ou les pôles financiers présents à Zurich et à Genève tirent les salaires médians vers le haut.