LA NOUVELLE STRATÉGIE DE TERRAIN DE LA POLICE LAUSANNOISE

Olivier Botteron, commandant de la Police lausannoise.

L’an passé le nombre des infractions au Code pénal a augmenté. Pour faire face à cet accroissement et au sentiment d’insécurité qui en résulte, la police lausannoise s’est réorganisée. Depuis l’automne dernier est opérationnelle une nouvelle division réunissant les effectifs de Police secours et de Proximité, partenariat et multi culturalité. Olivier Botteron, commandant de la police lausannoise, rappelle la nécessité de la création de ces Unités d’intervention et d’actions de proximité (UIP) et ses effets.

– Quels premiers retours de la mise en oeuvre de cette nouvelle division forte de 186 EPT qui a pour missions principales la réponse aux sollicitations urgentes, l’occupation de l’espace public par une présence policière visible dissuasive et répressive dans les secteurs du trafic et consommation des stupéfiants notamment, le contact et le rapprochement avec la population et les commerçant·e·s ?
– Les premiers retours sont positifs. Sur le plan opérationnel, cela permet d’avoir plus de policiers sur le terrain, pas seulement contre le deal de rue. Et surtout, d’exercer cette présence accrue à pied plutôt qu’en voiture, ce qui offre davantage d’interaction avec la population. La relation de confiance avec le public en est améliorée. Par exemple, quand un commerçant déclare avoir l’impression d’avoir un peu plus de clients dans son magasin depuis qu’on nous voit mieux. Cela dit, il y a une balance à respecter. Une présence policière peut-être sécurisante, par exemple devant l’entrée d’un parking en panne d’éclairage, mais elle peut être intrigante si elle est trop marquée, les gens ayant alors tendance à penser qu’il y un problème ici et à éviter de passer par là.

– Cette réorganisation chamboule un système qui semblait immuable…
– Avant, il y avait d’un côté les gens de Police-secours, confrontés à longueur de journées et d’années à résoudre des problèmes, souvent dans des rapports de force. Et d’autre part ceux de la Police de proximité, composée de personnes au bénéfice de la même formation de base, mais qui faisaient moins d’interventions, dont le rôle était d’entretenir une relation de confiance avec la population. Face à cette distinction des tâches, certains membres de Police-secours en arrivaient à croire que Lausanne était un problème. Réunir ces deux divisions a débouché à la fois sur une augmentation du nombre de patrouilles pédestres et, grâce à l’égalité de traitement qui en résulte, à offrir à tous l’occasion de s’entendre dire merci avec un sourire.

– Comment le travail de la police lausannoise peut-il encore s’améliorer ?
– La difficulté est de mesurer l’activité préventive, de savoir dans quelle mesure la présence de patrouilles à pied peut contribuer à éviter la commission d’une infraction ou encore simplement à apaiser une personne qui chemine. Peut-être que la criminalité serait pire sans nos policiers à pied dans l’espace public. Nous essayons de travailler avec l’École des sciences criminelles de l’Université de Lausanne pour voir dans quelle mesure nous pourrions travailler dans ce domaine avec l’intelligence artificielle. Je suis convaincu qu’on peut le faire. Connaître cette incidence permettrait de mieux savoir dans quels quartiers porter nos efforts. Mais la question est complexe.

– Lausanne serait-elle une ville plus compliquée que les autres ?
– Pas plus qu’une autre ville-centre. Par la force des choses, un centre urbain attire toutes sortes de manifestations qui génèrent un flux de personnes, d’événements culturels, sportifs, festifs ou à caractère politique. Avec pour conséquence que bon nombre de telles situations peuvent ainsi être criminogènes. Capitale du canton, siège de son gouvernement et de son parlement, le caractère des manifestations y est beaucoup marquant si on veut exprimer des opinions en public. On observe que lorsqu’il y a de grandes manifestations ailleurs en Suisse ou dans le Canton, comme la Fête des vendanges de Lutry ou Paléo, l’activité criminogène est moins marquée à Lausanne, ce qui indique que des individus mal intentionnés visent les festivaliers, notamment pour les voler.