L’ÉTÉ SERA CHAUD POUR « LAUSANNE LA SPORTIVE »

Lausanne, élue sixième ville la plus sportive du monde, face à de nombreux défis cette année, dont le Fête fédérale de gymnastique n’est pas le moindre.

Selon le classement 2024 des cent villes les plus sportives du monde établi par l’agence internationale de communication Burson*, Lausanne occupe la 6e place, derrière Paris, Los Angeles, New York, Londres et Madrid. La capitale vaudoise était 9e en 2023. La ville de Zurich, prochaine présence helvétique dans ce palmarès, est… 70e. Lausanne doit sans doute son sixième rang à la présence en ses murs des sièges de nombreuses organisations sportives internationales, dont le CIO. Mais pas seulement et loin s’en faut. Prochain défi : l’organisation en juin du méga-événements de la Fête fédérale de gymnastique. Entre autres.

L’été 2025 s’annonce particulièrement riche en événements sportifs exceptionnels de grande envergure dans la capitale olympique. Les feux de la méga Fête fédérale de gymnastique, du 12 au 22 juin, seront à peine éteints que s’allumeront ceux de la Coupe du monde de basket‑ball U19 masculine, du 28 juin au 6 juillet, organisée pour le première fois de son histoire en Suisse. Puis le 20 août, Athletissima fêtera sa 50e édition.

Ce ne sont que trois exemples exigeant une logistique complexe et de haut niveau parmi un calendrier plein à craquer. Autant d’événements qui portent loin et haut l’image et l’attractivité de Lausanne. Une attractivité par ailleurs manifestée par le choix de l’équipe nationale espagnole de football féminin, championne du monde, d’installer dans la capitale vaudoise son camp de base et d’entraînement – au stade Juan-Antonio-Samaranch – pour l’Euro féminin 2025 qui a lieu en Suisse du 2 au 27 juillet. À la ville de se montrer à la hauteur de tant d’honneurs et de les valoriser autant que faire se doit.

Un pôle fort et identitaire
« Lausanne la sportive », formule du Service municipal des sports utilisée sur les réseaux sociaux, est donc bien davantage qu’un slogan. Tout autant que l’est « Lausanne capitale olympique », quand bien même cette dernière distinction n’apparaît pas dans l’entête du site officiel de la commune.

Ces appellations indiquent que le sport est partie intégrante de l’identité de la ville et de ses habitants, qu’il se pratique ou se manifeste autant par de micro-événements que par de méga-événements. Ces deux extrêmes traduisent un ancrage qui se décline quasi au quotidien et à de nombreux degrés. Par exemple en décembre dernier avec les traditionnels mérites sportifs lausannois, qui ont récompensé plus de 300 athlètes, dont neuf de clubs lausannois ayant participé aux JO de Paris. Ou encore par l’ouverture à toute la population des
Halles sportives de Beaulieu, lesquelles offrent la pratique de près 14 disciplines.

En matière d’infrastructures sportives aussi. Lausanne n’est pas en reste. La Ville n’a jamais autant investi dans des équipements d’envergure que depuis ces dernières années : création du Centre sportif de la Tuilière, du nouveau stade de football de la Tuilière, construction du centre sportif de Malley glace et piscine. Et ce n’est pas fini. Le prochain sur la liste devrait être le stade Pierre-de-Coubertin, modernisé en profondeur pour devenir un haut-lieu de l’athlétisme… stade dont ce serait la seconde nouvelle mouture après le rejet en mars 2024 par le Conseil communal d’un projet qu’il a considéré démesuré. De quoi concrétiser la développement d’un pôle fort et identitaire à Lausanne, afin de se démarquer des quatre autres grandes de villes de Suisse qui ont chacune le leur : à Zurich la finance, à Bâle l’industrie pharmaceutique, à Genève les institutions internationales et Berne les instances fédérales.

Image de couverture de la brochure éditée à l’occasion de la candidature de Lausanne pour les Jeux olympiques de 1960, témoin vibrant que les ambitions de la Ville pour le sport XXL ne datent pas d’hier. Lausanne fut devancée de 11 voix en faveur de Rome, au troisième tour de scrutin. Archives historiques du CIO.

De Gymnaestrada aux JOJ
Les 20 kilomètres de Lausanne, qui ont battu l’an passé leur record de participation avec 30 685 inscrits, sont un méga-événement sportif annuel un peu à part, dans la mesure où il s’agit de courses à pied populaire sur un week‑end, sur plusieurs distances à choix, ouvertes à chacun(e), adultes et enfants, selon une organisation parfaitement rodée.

Ce sont plutôt les événements extraordinaires, ceux qui mettent à l’épreuve la capacité d’accueil, la créativité et la réactivité des organisateurs ainsi que des autorités locales, qui représentent les véritables défis. Le Marathon de Lausanne, avec 13’000 coureurs inscrits dans l’édition 2024, en est un exemple. Ou encore la finale en 2019 des championnats du monde de triathlon. Et cela ne date pas d’hier, par exemple en 1954, lorsqu’au stade de la Pontaise, bâti pour la Coupe du monde foot organisée en Suisse cette année‑là, cinq matches mémorables s’étaient déroulés, dont une demi-finale, entre la Hongrie et l’Uruguay. Passons sur le défunt Comptoir Suisse, manifestation particulièrement « sportive » elle aussi… au sens très figuré de l’expression.

Le dernier méga-événement sportif en date de portée internationale à Lausanne, le plus grand qu’elle n’avait jamais connu en termes de participants, fut World Gymnaestrada. Ce rassemblement culturel de la Fédération internationale de gymnastique sans classements est considéré comme la plus grande manifestation gymnique du monde. Plus de 19’000 gymnastes représentant 55 pays s’étaient produits durant sept jours, du 10 au 16 juillet 2011, dans les stades et au coeur de Lausanne. La capitale vaudoise s’était faite particulièrement belle. La population avait été sensible à la bonne humeur des participant(e)s et leur avait réservé un excellent accueil, valant toutes les campagnes de promotion touristique et d’attractivité en général. La ville avait dû déployer des trésors de logistique, notamment pour loger tout ces hôtes dans des salles d’école à Lausanne et dans d’autres communes du canton.

World Gymnaestrada fut un plein succès démontrant les aptitudes lausannoises à assurer le bon déroulement de rencontres de très grande envergure, encourageant probablement à l’époque la Ville à présenter sa candidature pour le Jeux Olympiques de la Jeunesse. Avec le succès populaire que l’on sait, puisque du 9 au 21 janvier 2020 ce fut un sans faute, avec 640’000 spectateurs sur les différents sites de compétitions venus encourager les quelque 1’800 athlètes. Succès aussi du point de vue financier, avec un excédent de 400’000 francs pour des charges opérationnelles de 48 millions.

Rien n’est gagné d’avance
Pour autant, si Lausanne a fait ses preuves dans l’organisation d’événements sportifs à grand retentissement, rien n’est jamais gagné d’avance. Ainsi en a-t‑il été de la déception d’être écartée du Championnat du monde de hockey sur glace de l’an prochain, événement phare pour le tourisme et la renommée d’une ville, malgré la promesse d’en être co-organisatrice avec Zurich. Sans vouloir remuer le couteau dans la plaie, rappelons que la construction de l’Arena avait notamment été justifiée pour les JOJ ainsi que ce mondial du hockey. Selon les critères examinés par les organisateurs, ce sont les coûts et le potentiel de spectateurs qui les auraient fait préférer Fribourg à Lausanne.

La revanche heureusement est déjà acquise, puisque l’Union internationale du patinage (UIP) a choisi Lausanne pour accueillir l’édition 2027 du Championnat d’Europe de patinage artistique, honneur qui lui revient ainsi pour la troisième fois après 1992 et 2002.

Si les effets positifs immédiats sur l’économie des grands événements sportifs sont relativement faciles à mesurer (commerces, hôtellerie, restauration, transports), les retombées financières globales à moyen et long terme le sont moins, bien que tout aussi réelles, tant en matière de promotion touristique qu’économique. Pour rappel, s’agissant de la seule présence des organisations sportives internationales, une étude économique de l’Académie internationale des sciences et techniques du sport (AISTS), portant sur la période 2014‑2019, a estimé à 550 millions de francs leur apport annuel moyen pour le district de Lausanne. Et dire que certains se demandent si le slogan « capitale olympique » qui trône sur le fronton de la gare de Lausanne est encore porteur…

Au tournant des années 2020 Lausanne inaugurait pratiquement coup sur coup les deux nouvelles infrastructures majeures que sont le Stade de la Tuilière et la Vaudoise Arena.