Moins de trafic, autant de bouchons en ville…

Les derniers comptages quinquennaux de trafic individuel organisés par l’association Lausanne Région indiquent une diminution du trafic motorisé de 1,1 % par an sur le réseau routier de l’agglomération, et de 2,1 % sur celui du centre-ville de Lausanne. Entre 2014 et 2021, le trafic journalier dans l’hypercentre lausannois a ainsi diminué de 12 %. Pour autant, si les données manquent pour quantifier le temps passé dans les embouteillages péri-urbains et urbains, ceux-ci sont loin d’avoir diminué. De l’avis des usagers, ils stagnent, voire empirent. Faute donc de pouvoir les attribuer à une augmentation de la circulation, le doigt pointe vers les aménagements modérateurs, actifs ou passifs. Cela même si les accords passés avec les milieux économiques et le PLR pour assouplir certaines restrictions ont permis de limiter des dégâts. Les grands chantiers de travaux publics en cours n’expliquent pas tout. Etat des lieux et matière à réflexion.

Deux accords conclus cette année, d’une part entre la Ville et les commerçants, de l’autre entre le PLR, la Ville et les tl, ont permis de ne pas trop prétériter l’attractivité de Lausanne face aux usagers pour lesquels la voiture reste, envers et contre tout, le moyen de transport le plus pratique, voire indispensable. Il est évident que ce n’est ni le rétablissement de la circulation motorisée individuelle sur le Grand Pont – jusqu’à la mise en service du futur tram t1 – ni le maintien du 50 km/h sur des axes urbains significatifs qui changent fondamentalement la donne vue à travers la lunette lausanno-lausannoise de la mobilité urbaine.

Le relatif apaisement de la circulation automobile dans Lausanne est un peu l’arbre qui cache la forêt. Les embouteillages se concentrent et s’aggravent surtout aux portes de la ville. A l’ouest, le goulet d’étranglement autoroutier de Crissier attend désespérément la concrétisation des améliorations promises par la réalisation de nouvelles jonctions à Ecublens et Chavannes-près-Renens. Quant au cauchemar de l’accès par la Maladière, il se passe de tout commentaire. Puis au centre, la multiplication des pistes cyclables participe, à tout le moins optiquement, à un rétrécissement de la chaussée et à l’affaiblissement de sa capacité.

Les parkings relais sont les interfaces indispensables pour les visiteurs motorisés. La région lausannoise en est relativement bien dotée, quand bien même leur capacité est amputée d’un quart en faveur de détenteurs de macarons, donc de bénéficiaires établis à Lausanne.

Cette offre en P+R soufre cependant sur le flan est de la commune. Ici, on n’en trouve aucun, malgré la congestion quotidienne du trafic depuis et vers la riviera vaudoise aux heures de pointe. Plusieurs parkings, bien que de capacité limitée, sont certes disponibles à Pully et à Lutry, mais ils ne sont pas ou mal couplés avec les transports publics.

Pour revenir à Lausanne, reste à savoir comment sera remplacé le parking relais du Vélodrome (580 places), car il condamné à disparaître lorsque la seconde phase de construction du projet Métamorphose sortira de terre. Ce parking, le deuxième plus grand, et de loin, des six recensés par la Ville, n’est sans doute pas idéalement placé. Il est certes trop proche du centre-ville, mais est très utile pour de nombreux utilisateurs et pendulaires motorisés en provenance du Gros-de-Vaud. La question est ouverte de savoir si, où et comment, cette infrastructure sera remplacée afin de continuer à inciter les visiteurs motorisés à laisser leur véhicule aux abords de la ville pour emprunter les transports publics. Question d’autant plus pertinente dans ce secteur puisque c’est à la Blécherette, à 1 kilomètre de là, que doit aboutir la future ligne de métro m3.

Si le futur m3 est attendu de pied ferme, la ligne de tram t1 actuellement en construction devrait inciter davantage encore au transfert modal depuis l’est de la commune. De même qu’un jour les BHNS, ces bus long format à « haut niveau de service » censés circuler en site propre sur l’axe est-ouest, mais dont la mise en oeuvre risque d’être retardée et plus coûteuses que prévu selon une récente enquête parue dans 24 Heures. Ce qui est sûr, c’est que de moins en moins d’automobilistes viennent en voiture au centre-ville par plaisir. Et qu’ils se passeront enfin de le faire le jour où les transports publics dans Lausanne et le transfert modal seront aussi performants qu’on ne cesse de le promettre.

Le taux de motorisation sur le territoire urbain en 2020 montre de fortes disparités selon les quartiers statistiques.

TOUJOURS MOINS DE VOITURES LAUSANNOISES
L’édition 2023 des indicateurs de l’Observatoire lausannois de la mobilité souligne la baisse constante du nombre de voitures de tourisme immatriculées à Lausanne. Rapporté à la population, le taux de motorisation – hors véhicules de société, – était de 290 unités par 1000 personnes.

Pour comparaison, ce taux est près de la moitié de celui pour l’ensemble du Canton de Vaud. Entre 2015 et 2021, cette proportion a diminué de 26 points à Lausanne, soit davantage qu’à Genève (-24 points) et plus encore qu’à Zurich (-20 points).

Ce taux de motorisation varie assez fortement selon les quartiers. Il est au plus bas au centre-ville (224), et il culmine à 380 à Beaulieu-Grey-Boisy.

Autre donnée intéressante : en 2022, 15,3 % des nouvelles immatriculations à Lausanne étaient des voitures 100 % électriques, lesquelles ne constituaient cependant que 1,9 % de l’ensemble du parc.

L’utilisation moyenne des places de stationnement public d’un jour ouvrable en 2021, par zones macarons. Le taux moyen d’occupation diurne est de 68 %.

LES RÉALITÉS DE L’OFFRE EN STATIONNEMENT
La disponibilité de places de stationnement est évidemment la clé de l’accessibilité de la ville en voiture pour les visiteurs qui n’ont pas d’autre choix. L’Observatoire lausannois de la mobilité 2023 a recensé le nombre de places sur la commune au 31 décembre 2022 – entre parenthèse trois ans plus tôt, au 31 décembre 2019 selon l’édition 2020 de cet observatoire.

Il y avait ainsi, fin décembre dernier (hors zones foraines) 97 140 places de stationnement sur le territoire de la commune, dont  68 920 places privées (76 000), et 28 220 (21 100) sur le domaine public. Ce nombre est à peu près stable depuis plusieurs années, sous réserve des suppressions temporaires découlant des travaux empiétant sur la voie publique.

Les 28 220 places à usage public de l’an passé se répartissaient comme suit : 10 210 en zone bleue disponibles pour les détenteurs de macarons (11 500), 720 en zone blanche (max. 3 ou 4 heures) (800), 3860 payantes sur la voirie, limitées de 30 min à 5 heures (3730), dont 1450 accessibles aux détenteurs de macarons et 1130 au centre-ville.

Les parking relais totalisaient 2410 places en cinq parkings (six si l’on ajoute celui du Grand Mont au Mont-sur-Lausanne offrant 46 cases) dont 570 pour les détenteurs de macarons. Par ailleurs, 2620 (2660) places étaient disponibles sur 20 parcs « longue durée », souvent en périphérie, dont 1440 pour les détenteurs de macarons. Enfin, les parkings privés à usage public (Riponne, Centre, Monbenon, Mon-Repos, etc.) totalisaient 8400 places. Ces installations ne disposent toujours pas d’une signalisation uniformisée aux entrées de la ville, indiquant le nombre de places disponibles afin de de guider sans détour inutiles les utilisateurs potentiels.