P2PARK AU SECOURS DE LA PÉNURIE DE PLACES DE PARC

Thibaut Ranger, Fribourgeois de 27 ans, est le fondateur de P2park, pour smartphone, organisant le partage de places de stationnement privés afin de palier un tant soit peu aux difficultés croissantes de parquer en milieu urbain.

P2park est une nouvelle application de recherche de places de stationnement, désormais disponible pour Lausanne notamment, téléchargeable sur Android et iOS. Elle se situe hors des sentiers battus, selon un système que l’on pourrait décrire comme un Airbnb du stationnement, car mettant en relation détenteurs de places privées et automobilistes désireux d’en louer l’usage en quelques clics, à l’heure ou à la journée. Face à l’un des enjeux majeurs qu’est la pénurie de places de parc en ville, Economie Région Lausanne (ERL), a noué un partenariat avec cette start-up innovante et encourage vivement à saisir cette opportunité. De plus, à la demande d’ERL, P2park a mis en place une fonction spécifique pour les commerçants, permettant d’offrir des crédits de stationnement à leurs clients utilisant cette application de partage.

« Ma mission est de faciliter le partage des places de parking afin d’optimiser les ressources existantes et de rendre le stationnement plus pratique pour tous avec une sorte d’Airbnb pour les places de parking. » Thibaut Ranger, Fribourgeois de 27 ans, est le créateur de P2park, application pour smartphone qu’il a réalisée avec la plateforme de développement « no code » Bubble. Ce service est une mise en pratique de l’économie collaborative au service du stationnement. Il représente une solution intéressante face à la difficulté croissante de trouver en milieu urbain une place accessible au public pour y faire des courses, exercer sa profession, aller au restaurant ou au spectacle.

La longue et parfois vaine recherche d’une place de stationnement lorsqu’on doit ou souhaite se rendre en ville en voiture n’est pas seulement une perte de temps. Il a été estimé que cela représentait entre 5 et 10 % de la circulation urbaine. Et les choses ne vont pas en s’améliorant. La récente piétonnisation des aires des stationnement Place Centrale et Place du Tunnel n’en sont que deux exemples parmi d’autres. Et la forte diminution de capacité du parking de la Riponne imposée par des travaux urgents, au moins jusqu’à la fin de l’année, est un troisième exemple de la nécessité de trouver très vite des solutions pratiques de remplacement.

Selon l’Observatoire de la Mobilité Lausannoise, s’agissant de l’évolution du nombre de places de stationnement sur la voie publique entre 2015 et 2023, ce nombre de cases en zone bleue est passé de 11 800 à 8800, celui en zone blanche (durée maximale de 4 heures) de 970 à 714. Cette diminution de places gratuites n’est pas compensée par l’augmentation de celles payantes, qui sont passées de 3830 en 2015 à 4891 (dont 2656 accessibles au macaron) en 2023, et cette tendance se poursuit.

Outil simple et efficace
Sous la forme d’un outil en ligne entièrement automatisé, P2park permet de publier, proposer, rechercher et réserver des places privées. Tant les détenteurs que les utilisateurs sont gagnants : les premiers sont rémunérés, les seconds s’acquittent d’une tarification attractive, généralement inférieure aux coûts en usage dans le stationnement payant à usage public. L’offre s’adresse autant aux particuliers qu’aux entreprises, lesquelles peuvent ainsi rentabiliser leur parking clients ou collaborateurs lorsqu’elles n’en ont pas besoin.

L’utilisation de P2park est des plus pratiques et des plus transparentes. Ce sont les propriétaires qui fixent le prix de location. Selon les quartiers, celui-ci est de l’ordre de 2 ou 3 francs de l’heure ou 10 à 15 francs la journée. Ils précisent l’emplacement de la place proposée et les horaires de disponibilité. L’automobiliste à la recherche d’une place n’a qu’à indiquer le secteur ou la rue où il souhaite stationner et les disponibilités s’affichent, ainsi que leur coût. Lorsqu’il a effectué sa réservation et réglé le prix, il reçoit une photo exacte de la place en question. P2park touche une commission de 15 % du prix de la transaction, plus 25 centimes.

L’automobiliste qui a loué, à l’heure ou à la journée, une place de stationnement mise à disposition par un privé, individuel ou entreprise, reçoit une image précise de l’emplacement en question.

70 555 places privées à Lausanne
La partage automatisé ou pas, à l’heure ou à la journée, de places de parc privées existe depuis longtemps aux États-Unis. Il n’est pas vraiment entré dans les mœurs en Suisse notamment. Plusieurs services du genre de P2park s’y étaient lancés il y a une dizaine d’années et ont connu un succès plutôt discret. Or aujourd’hui, d’une part la situation du stationnement en milieu urbain s’est considérablement dégradée, d’autre part les fonctionnalités disponibles sur un smartphone ainsi que la diffusion par les réseaux sociaux de l’existence d’une telle application ont considérablement progressé.

Le potentiel d’une telle application est donc sans commune mesure avec ce qu’il pouvait être jadis. La large médiatisation de l’arrivée de P2park témoigne de l’intérêt public pour cette solution. Ce que confirment les premiers résultats réjouissants à Fribourg, ville où elle a d’abord été lancée, en ce début d’année. À Lausanne, le potentiel est à la mesure du nombre de places de stationnement strictement privées recensées par l’Observatoire de la Mobilité : 70 555 en 2023 hors zones foraines.

Cela dit et d’une manière générale, une étude menée par Mobility Academy en 2014 et relayée par le Touring Club Suisse (TCS), prenant en compte 22 pays, avait établi que le Suisse était celui qui comptait le moins de places de parking publiques, avec seulement 84 pour 1000 voitures. Pour comparaison, l’Allemagne par exemple en proposait le double.

Ces chiffres remontent à plusieurs années, mais il y a peu de chance que la situation ait favorablement évolué sachant l’augmentation de près de 10 % du parc automobile depuis cette époque. À la lumière ces données, le TCS avait suggéré à l’époque la création d’une « bourse de places de parking » pour inciter les entreprises dont les espaces de stationnement étaient inoccupés à les louer à des automobilistes privés. Une pareille création n’a à notre connaissance pas quitté le stade de la boîte à idées. P2park a lui le mérite d’exister.

Pour plus d’informations : p2park.ch et contact@p2park.ch

VAINE ATTAQUE CONTRE LES SUV
La Municipalité de Lausanne a refusé un peu malgré elle de suivre en juin dernier des conseillers communaux qui réclamaient des mesures pour pénaliser l’utilisation des SUV sur le territoire communal ainsi qu’une pétition allant dans le même sens. Le service juridique de l’Ofrou lui a rappelé que ces véhicules ne forment pas une catégorie propre, qu’ils sont autorisés à circuler comme tout « véhicule léger » dont ils ne peuvent être différenciés par le permis de circulation. Pas question dès lors de les considérer comme une sous-catégorie pour leur prescrire des dispositions spécifiques. Plus délicate est la possibilité de leur appliquer une taxation différenciée de stationner sur la voie publique. La ville de Bâle a certes décidé de le faire dès le 1er janvier 2025, mais Lausanne estime n’avoir pas (encore) les outils techniques pour y parvenir. Et de souligner que de toute façon, cela ne pourrait pas s’appliquer pour les parkings privés à usage publics qui échappent à la législation communale.