Siège administratif du Comité international olympique (CIO) depuis 1915, Lausanne porte depuis juin 1994 le titre officiel et exclusif de Capitale Olympique. Épicentre du sport international, la ville attire comme un aimant de nombreuse fédérations sportives internationales, organisations ou sociétés œuvrant pour le sport. Il en résulte un écosystème qui participe non seulement à sa renommée et à celle du canton à travers le monde, mais aussi à leur prospérité économique. En cette année olympique de Paris, l’olympisme est non seulement à l’honneur dans la capitale française, mais à Lausanne aussi, où cet anniversaire de 30 ans d’un statut envié est fêté avec l’ensemble de la population.
L’histoire de l’attachement du CIO à Lausanne commence en 1915. Le baron Pierre de Coubertin choisit cette année-là la capitale vaudoise pour y installer le siège du mouvement qu’il a fondé en1894 à Paris, dans le but de réanimer et de moderniser les jeux olympiques de l’antiquité. Un mouvement qui compte alors déjà cinq éditions à son actif. Une session du CIO et un congrès y avaient été tenus avec succès en été 1913.
«L’olympisme trouvera, dans l’atmosphère indépendante et fière que l’on respire à Lausanne, le gage de liberté dont il a besoin pour progresser», déclara-t-il lors de la réception organisée par la Ville pour l’accueillir. De fait, et probablement surtout, le choix de Lausanne apportait au CIO encore tout jeune de la stabilité en terrain neutre en ces temps troublés où la Première Guerre mondiale faisait rage.
D’abord logé au Casino de Montbenon, le CIO déménage en 1922 à la Villa Mon-Repos. En 1968, son siège est transféré au Château de Vidy. Les rumeurs d’un possible déménagement dans une autre ville, voire à l’étranger sont apaisées, et l’institution inaugure en 1986 la première Maison Olympique, connectée au Château de Vidy. La famille ne cesse de s’agrandir, une nouvelle Maison Olympique remplace bientôt l’ancienne sur le site. Inaugurée en 2019, elle se distingue par sa forme inspirée du mouvement d’un athlète, sa façade en verre à étages et sa forme incurvée. Plus de 600 personnes y travaillent, notamment à l’organisation des JO d’été et de ceux d’hiver.
Le CIO à Lausanne, ce n’est pas seulement le centre administratif de Vidy. C’est aussi un environnement de culture et de loisirs. Lors de la Journée Olympique de 1993 – événement fêté chaque 23 juin depuis 1948 en hommage à la date de fondation du mouvement –, son président Juan Antonio Samaranch inaugure en grandes pompes le Musée Olympique d’Ouchy, en présence notamment du Roi d’Espagne Juan Carlos, du président de la Confédération Adolf Ogi et de la syndique de Lausanne Yvette Jaggi.
Sur trois niveaux, rénové en 2013, ce musée est aujourd’hui pourvu des équipements de muséographie interactive les plus modernes. Il est devenu un lieu incontournable à visiter pour les touristes étrangers et les locaux également.
Le prestige et l’économie
Les relations entre le CIO et Lausanne sont au beau fixe lorsque le 23 juin 1994, à l’occasion de son centenaire, le mouvement décerne à la ville le titre de Capitale Olympique. Une distinction évidemment unique au monde, bien visible sur la façade de la Gare CFF sous les anneaux olympiques.
Ce statut de Capitale olympique a indéniablement renforcé l’attractivité d’une domiciliation à Lausanne et dans le canton pour les fédérations sportives et organisations internationales. On en dénombre actuellement près de soixante. Sans compter d’innombrables entités œuvrant dans cette activité. Depuis l’été 2006, les instances qui le souhaitent ou en ont le besoin peuvent s’installer dans la Maison du Sport International (MSI), sise sur l’avenue de Rhodanie, avec ses 5500 m2 de surfaces administratives, salles de conférences, cafeteria, etc. Les nouveaux arrivants s’y voient offrir deux ans de loyer gratuit. Une douzaine de fédérations ou organisations y sont actuellement installées.
La présence du CIO à Lausanne et toutes les organisations qu’il a attirées ou générées ne représentent pas seulement un élément de prestige. Publié en 2021, le dernier rapport de l’Académie internationale des sciences et techniques du sport (AISTS), quantifie l’impact économique positif croissant de l’administration du sport international sur l’économie locale et régionale. Durant la période 2014-2019, cet impact annuel moyen a ainsi été chiffré à 870 millions de francs pour le Canton, dont 550 millions dans le district de Lausanne, soit deux fois plus que lors de la précédente étude portant sur la période 2009-2013.
La concurrence est rude
Si le CIO est à Lausanne depuis plus d’un siècle et que dans son sillage les organisations sportives internationales se sont multipliées, ce n’est pas seulement à cause de la tranquillité helvétique, mais aussi en raison de l’accueil attentionné qui leur est prodigué.
Toutefois, la concurrence d’autres pays dans le monde se fait pressante pour attirer à elles ces organismes prestigieux par ce qu’ils peuvent leur apporter en termes d’image, de développement économique, mais aussi diplomatique. Le risque de surenchère est réel. Il leur est souvent proposé des facilités financières et administratives hors de portée du cadre institutionnel et des capacités des pouvoirs publics d’ici. En clair, dans un monde qui change, le leadership de Lausanne n’est pas acquis pour toujours et présente certaines fragilités.
Installée à Lausanne depuis 1986, la Fédération internationale de natation (FINA, devenue World Aquatics), l’une des plus importantes du monde, a ainsi récemment annoncé son déménagement à Budapest. La Hongrie lui a offert des conditions très attractives, lui promettant même un petit centre aquatique. Si, à ce stade, Lausanne n’est pas en mesure de rivaliser, elle conservera toutefois le siège de la fondation. Ce cas est cependant isolé. De fait, la mauvaise nouvelle en cache une bonne, celle de l’arrivée cette année à Lausanne de la Fédération internationale de sport scolaire jusqu’alors à Bruxelles. Pour autant, chacun s’accorde à constater qu’il faut renforcer l’écosystème actuel. Cela passe notamment par un regroupement des forces et des moyens sous une bannière unique. C’est ainsi qu’en 2022 la Ville de Lausanne et le canton ont créé la Fondation Lausanne Capitale OIympique. Cette structure se présente comme un guichet unique. Elle a pour mission de renforcer la collaboration et les synergies. Cela afin de simplifier les relations avec les acteurs du sport international et des organisateurs d’événements tout en améliorant l’accueil, le suivi et le service qui leurs sont proposés. Du démarchage à l’animation, ce n’est pas le travail qui manque.
«Lausanne, c’est les jeux olympiques toute l’année», se réjouissait-on il y a trente ans. Tant pis pour ceux qui nous envient.