L’APPORT DES ÉCOLES PRIVÉES FRISE 1,5 MILLIARD PAR AN

Les retombées économiques positives des écoles privées sur sol vaudois et lausannois en particulier sont à la mesure du nombre et de la qualité de ces institutions. En 2021, une enquête réalisée par KPMG à la demande de l’Association vaudoise des écoles privées (AVDEP) a estimé à 1,424 milliard de francs par an les effets directs, indirects et induits de leur présence. De plus, étant près de 80 dans le seul secteur de la scolarité obligatoire et secondaire, elles permettent de réduire de 156 millions de francs les coûts de l’enseignement obligatoire à la charge du contribuable. Les rentrées fiscales qui résultent de leur existence sont quant à elles de l’ordre de 50 millions de francs, et presque autant s’agissant des impôts payés par leurs collaborateurs. Pour autant, la législation cantonale sur l’enseignement privé pourrait mieux leur faciliter la vie.

Brillantmont, Ecole Nouvelle, Lemania, Vinet, Champittet… Toutes catégories confondues, 22 des 57 écoles privées membres l’Association vaudoise des écoles privées (AVDEP) sont situées dans la région lausannoise, dont 19 sur le territoire de la commune de Lausanne. Et on en dénombrerait bien davantage encore, sachant que nombre d’établissements ne font pas partie de ce réseau associatif. Après le Canton de Zurich, Vaud est celui qui en compte le plus, avec près de 80 enseignes.

L’AVDEP regroupe les écoles privées du canton parmi les plus prestigieuses et les plus connues du grand public. Elles sont loin de somnoler sur leurs lauriers. Elles développent des approches pédagogiques évolutives, prennent en compte les derniers développements de l’acquisition de connaissances, réfléchissent aux défis de l’intelligence artificielle dans l’enseignement. S’y ajoute le souci de connexion étroite aux exigences professionnelles qui attendent leurs étudiants.

Internats, externats, formation professionnelle, apprentissage des langues… les écoles privées contribuent, au côté des hautes écoles, qui bénéficient des deniers publics, à l’attractivité d’une région lausannoise considérée comme une terre de formation enviée et enviable. Et cela ne date pas d’aujourd’hui. Jugez plutôt.

Trois approches 

Brillantmont International School, voisine du parc Mon Repos, sur la colline de Bellevue, fêtait en juin dernier ses 140 ans d’existence. Fait probablement unique en Suisse, l’école n’appartient pas à un groupe ou à une chaîne dispersée à travers le monde. Elle est restée, depuis sa création en 1882, une entreprise familiale dont la cinquième génération de fondateurs est aujourd’hui aux commandes, alors que bien des écoles nées à la même époque ont changé de mains une ou plusieurs fois. A l’origine pensionnat pour jeunes filles, Brillantmont accueille aujourd’hui environ 80 étudiants et étudiantes, âgé(e)s de 13 à 18 ans, de 30 nationalités différentes, en internat et en journée.

Le Collège Champittet à Pully est un autre exemple de la solidité de l’ancrage de l’enseignement privé dans la région lausannoise. L’institution célèbre cette année ses 120 ans. Fondée en 1903 par des prêtres dominicains, puis reprise par les chanoines du Grand-Saint-Bernard, elle témoigne aujourd’hui encore de sa tradition catholique, mais n’héberge plus de prêtre. Champittet a ouvert ses classes aux filles en 1984. L’établissement a rejoint en 2009 le réseau d’écoles internationales Nord Anglia Education. Aujourd’hui, avec son second campus créé à Nyon en 2004, elle accueille
plus de 800 jeunes de tous les âges, de plus de 50 nationalités, dont près d’une centaine en interne.

L’Ecole Vinet, au centre-ville de Lausanne, créée à la fin des années trente, apporte un suivi individualisé de chaque enfant dès l’âge de 10 ans tout en restant en adéquation avec le programme scolaire vaudois, a décidé de prodiguer depuis la rentrée 2023 un soutien particulier à ses élèves orientés vers la voie VG en les confrontant progressivement, dès la 9e année, à la réalité de la vie professionnelle.

Concrètement, ils peuvent notamment passer, en dehors des heures scolaires, quelques heures en entreprise durant plusieurs semaines pour se rendre compte sur le terrain des domaines professionnels qui les intéressent, sans pour autant devoir immédiatement choisir un métier. Les jeunes seront ainsi prêts, en 11e année, aidés par la conseillère de l’école en formation professionnelle, à faire les démarches vers les entreprises qui leur correspondent afin de trouver une place d’apprentissage.

Apport économique
L’étude de KPMG commanditée par l’AVDEP, dont les résultats ont été publiés en 2021, se fonde sur les réponses à un questionnaire fouillé fournies par quarante des établissements installés dans le canton, représentant 60 % des élèves et étudiants, soit environ 20 000 personnes.
Au-delà des aspects non quantifiables ,tels que la notoriété nationale et internationale, le prestige, le rayonnement, autant d’éléments décisifs pour la location d’entreprises dans la région, l’empreinte économique favorable qui ressort de ce travail se manifeste essentiellement dans trois secteurs.
Valeur ajoutée, directe, indirecte et induite. Elle a été estimée à 1,424 milliard de francs. Elle résulte des activités propres des écoles, de la chaîne d’approvisionnement de leurs biens et services et de la réinjection de valeur dans l’économie par des acteurs liés à leurs activités. L’enseignement de niveau tertiaire et la scolarité obligatoire dominent, avec respectivement 604 et 518 millions de francs de retombées favorables. Viennent ensuite les écoles de formation générale (260 millions), puis celles proposant des formations professionnelles initiales (42 millions).
Economie pour le contribuable. Les écoles privées vaudoises proposent des filières complémentaires et répondent au besoin croissant d’une population à la recherche de solutions différentes de l’école publique. Elles permettent ainsi de réduire les coûts de l’enseignement obligatoire respectivement de 94 millions pour l’enseignement obligatoire, 38 millions pour la formation générale et 25 millions pour la formation professionnelle initiale.
Rentrées fiscales. Les collaborateurs et collaboratrices des écoles privées du canton paient environ 43 millions de francs d’impôts résultant de la taxation de quelque 520 millions de francs de salaire de plus de 4000 emplois équivalents temps plein. A cela s’ajoutent les impôts payés par les écoles elles-mêmes, ainsi que les rentrées fiscales indirectes et induites, estimées à 50 millions de francs.

L’IMPACT DE L’IMD ESTIMÉ À 360 MILLIONS
Classée parmi les meilleures Business School du monde, l’IMD (International Institute for Management and Development), basée à Ouchy, avec ses campus à Lausanne et à Singapour, n’est plus une école privée comme les autres depuis qu’elle fait désormais partie du monde académique. Tout en demeurant une école indépendante, sans but lucratif et sans soutien par les pouvoirs publics, elle figure désormais au rang des instituts universitaires en application de la Loi fédérale sur l’encouragement et la coordination des hautes écoles (LEHE). Cette accréditation accroit encore la reconnaissance de ses diplômes.

Une étude réalisée en 2019 avait mis en évidence son impact économique considérable dans la région. « En 2018, avec 350 collaborateurs, les dépenses opérationnelles de l’IMD ont atteint un total de 128,7 millions de francs. Sur cette somme, environ 84,6 millions de francs, soit 66 %, ont été dépensés auprès de fournisseurs, entreprises et collaborateurs vaudois, le solde étant réparti de manière égale en Suisse et à l’international. »

Les retombées positives financières directes, indirectes et induites sur le Canton avaient été alors estimées à près de359,3 millions de francs. Il avait notamment été indiqué que la présence de l’IMD générait 40 000 nuitées hôtelières dans la région lausannoise. Cela sans prendre en compte l’apport à l’économie de ses diplômés ni de ses programmes de soutien à de nombreuses start-up et PME en croissance.